Dec 4, 2011

L’exploitation de l’homme par l’homme : notions de base

(Cours de formation d’accueil des nouveaux militants du Manidem - Leçon 1)

INTRODUCTION


Si nous avons choisi d’adhérer au Manidem, qui est un parti d’opposition au régime de M. Biya, c’est parce que nous avons conscience de ce que quelque chose ne va pas dans notre pays. Comme l’on dit souvent : « le Kamerun va mal. » Nous avons, par notre engagement au Manidem, décidé d’aider à changer les choses. Nous voyons qu’il y a une minorité de gens qui ne souffrent pas ; qui vivent bien ; qui mangent bien tandis que les autres meurent de faim. Ces gens envoient leurs enfants étudier à Mbeng pendant que ceux des autres n’ont ni livres ni cahiers, et que leurs parents n’ont pas de quoi leur payer la pension scolaire. Les riches vont se soigner à l’étranger pour le moindre rhume tandis que les autres Kamerunais meurent de paludisme, de choléra, de tuberculose, etc. Pourquoi ces inégalités ? Pourquoi les uns ont-ils des palais et les autres des taudis ?

Dec 3, 2011

Cameroun, les juristes de la tyrannie : à propos de la démission de Maurice Kamto

Par Patrice Nganang

Extraordinaire que ce pays nommé Cameroun ! Maurice Kamto qui a été vice-ministre de la justice pendant l’un des septennats le plus sanglants des trente ans du régime de Paul Biya démissionne, et chacun s’extasie en louanges ! Que dire, sinon paraphraser une phrase publiée il y a quelques jours dans Le Jour : ‘Il y en a qui s’imaginent pouvoir faire carrière dans la poudrière.’ C’est sans doute le résumé de ces années passées par cet homme de droit comme on nous dit, dans le gouvernement de l’assassin, années qui se closent aujourd’hui de sa propre décision.

Nov 21, 2011

Les deux abatteurs et le baobab - Parabole politique

Par Ghonda Nounga

Deux hommes ont à abattre le plus gros baobab du village. Pourquoi faire ? La parabole ne nous le dit pas.

Les deux hommes ne disposent chacun que d’un petit couteau, empruntés tous les deux à des enfants qui pelaient de belles papayes bien juteuses non loin de l’arbre.

L’un des deux hommes, au vu de l’ampleur de l’œuvre à accomplir, rend à l’enfant son couteau, puis s’assied sur une souche où il donne l’impression de se perdre dans ses pensées.

L’autre, saisi comme de frénésie, empoigne prestement son couperet, pousse un puissant cri de guerre qui fait frémir les roseaux alentour, et se met à la tâche, traitant le premier homme de paresseux, de peureux et même de complice du baobab à l’infâmante réputation.

Nov 15, 2011

La nécessaire clarification

Par Abanda Kpama
Président National du MANIDEM

L’Histoire se répète. Le tir groupé des partisans du régime néocolonial, des intellectuels petit-bourgeois et curieusement, de certains partis politiques autoproclamés progressistes et dont l’activité aujourd’hui se réduit à l’invective et à la sortie de communiqués dans les journaux, ce qui cache mal leur inertie et leur immobilisme, ce tir groupé contre les partis politiques ayant participé à la dernière élection présidentielle, ressemble fort étrangement à la situation qui a prévalu après les assassinats de Um Nyobe en 1958 et de Ouandié en 1971.

Nov 3, 2011

De la dialectique comme outil d’analyse et de lutte politiques

Par Ghonda Nounga
(Exposé fait devant le Bureau politique du Manidem le 29 octobre 2011)

I. INTRODUCTION

Il y a deux manières de voir le monde, ce qui signifie également qu’il y a deux manières d'appréhender «la» politique (comprise comme «l’ensemble des options prises par les gouvernants d'un pays dans les divers domaines de leur autorité, et comprise également comme la manière de gouverner» – démocratie, dictature, etc.) et «le» politique («ce qui relève de l'exercice du pouvoir dans l'État, ou ce qui est théorie générale de cet exercice»).

La première manière de voir le monde est dite «métaphysique». Elle fige et pétrifie la nature et ses réalités. Ses productions peuvent être assimilées à une série de simples photographies à deux dimensions étalées sur la longue table de l’éternité, sans véritable lien entre elles.

La deuxième méthode d’appréhension du monde et de ses réalités est la méthode «dialectique», que nous examinerons plus en détail, et dont les productions peuvent être comparées à un long film infini permettant de voir le monde dans son mouvement.

Oct 21, 2011

Contrôle des médias : Le Renouveau couvre la presse de billets de banque pour acheter la paix

par Christophe Bobiokono
[http://christophe.bobiokono.over-blog.com]

Alors que les candidats à la Présidentielle peinaient à obtenir le financement légal de la campagne électorale, la Présidence de la République et le ministère de la Communication distribuaient des enveloppes à des publications bien ciblées. Dans une opacité digne de la mafia.
C'est une information qui circule de bouche à oreille dans le petit milieu de la presse camerounaise. Pour la présidentielle du 9 octobre 2011, le régime en place a offert des soutiens financiers à une partie des médias nationaux. La présidence de la République, à travers le cabinet civil, et le ministère de la Communication ont distribué, chacun séparément, des enveloppes à quelques promoteurs de journaux sélectionnés sur la base de critères restés secrets. L'opération n'a pas fait l'objet d'annonce dans la presse, ni d'aucun article de journaliste. Elle n'a pas nécessité la mise en place d'une commission, comme c'est souvent le cas avec l'aide publique à la presse. Tout s'est passé en espèces sonnantes et trébuchantes.

Oct 19, 2011

Mon billet pour Achille Mbembe

par Ghonda Nounga

Achille,

Tu as écrit beaucoup de choses sur la lutte du Peuple kamerunais, certaines très enlevées, et d’autres franchement calamiteuses. Cette inconstance dans ton jugement tient d'une chose essentielle, l’absence de lien entre tes idées et la pratique historique de tes compatriotes.

Oct 18, 2011

Lettre ouverte aux petits criticailleurs crypto-rdépécistes

par Ghonda Nounga

Je lis beaucoup de verbiage sur divers fora kamerunais, de la part de personnes qui, bien à l’abri derrière leurs écrans en matière plastique, prennent les militants et dirigeants de l’opposition pour des connards, des arriérés mentaux, des analphabètes de la chose politique, etc., eux-mêmes étant, bien entendu, de grands génies. Si l’on est si génial dans la chose politique, pourquoi laisser son peuple continuer à souffrir en se contentant de ricaner et d’admonester derrière un clavier d’ordinateur ?

Oct 16, 2011

La Citadelle des Enflures

par Lionel Manga

Le climat politique postélectoral au Cameroun est dorénavant au centre de toutes les attentions et pour les observateurs patentés de l'Afrique subsaharienne, notre pays ne serait pas différent today d'une bombe à retardement, certains ayant même probablement déclenché déjà le chronomètre du compte à rebours vers une hypothétique déflagration, tandis que d'autres touchent du bois ou se signent d'abondance, quand ils n'allument pas des cierges, pour que rien de tel ne se produise au voisinage nord de la latitude zéro.

Sep 26, 2011

Une carte pour comprendre...

... le bien-fondé de la revendication de Mahmoud Abbas, à l’ONU, pour un Etat palestinien, et la duplicité criminelle d’Israël et de ses alliés occidentaux, les Etats-Unis en tête.

Aug 30, 2011

1890 - 2011: L'Eglise catholique au Cameroun - Histoire d'une interminable homélie pour la paix des forts*

par Alain Blaise Ngono

Il y a quelques semaines, la presse se faisait l'écho d'une Lettre pastorale des évêques du Cameroun à l'occasion de l'élection présidentielle de 2011. Dans cette position officielle de l'église, celle-ci a fait un certain nombre de recommandations aux différentes strates sociopolitiques camerounaises (autorités, hommes politiques, fidèles, médias, citoyens, etc.).

Aug 10, 2011

Téléchargez le No. 003 de votre revue

Le No. 003 de la revue Alternative révolutionnaire No. 003 est maintenant disponible sur ce blog. Toutes nos excuses pour le retard.

Vos commentaires, critiques et suggestions sont attendues dans la section « Comments » au bas de cette page.

Sentiments patriotiques

Faustin Cabral Bekolo

Alternance : Le Manidem propose une transition de trois ans

Ive Tsopgue

http://www.camnews24.net

Le programme politique, économique, culturel et social du Manidem propose une période de transition politique qui devra permettra à notre pays de se doter d’institutions fiables avant l’organisation d’élections crédibles. « Pour marquer notre attachement à la voie démocratique de prise de pouvoir, nous avons désigné notre candidat à l’élection présidentielle, le camarade Ekane, annoncé que nous participerons aux élections législatives et municipales et avons invité les Camerounais à s’inscrire en masse sur les listes électorales.

Jul 19, 2011

Parution du No. 003 de la revue “Alternative révolutionnaire”

Le No. 003 d'Alternative révolutionnaire vient d'être expédié à nos abonnés et sera bientôt disponible sur ce blog.

Au sommaire, un grand dossier :

Kamerun, Etat fascisant et nécessité d'un gouvernement de transition démocratique

Avec les rubriques et articles ci-après :

EDITORIAL
Etat fascisant et nécessaire transition démocratique : des réalités incontournables

L'ETAT FASCISANT
- Sur la fascisation : éléments de la problématique socio-historique actuelle
- Le sabre contre l'esprit ou pourquoi le pouvoir d'Etat persécute certains intellectuels

ETAT FASCISANT, SITUATION NATIONALE ET PARTIS POLITIQUES
- Situation nationale, élections et perspectives politiques dans le Cameroun de M. Biya
- RDPC, le monstre en bout de course
- Le SDF et le changement : mission impossible

PERSPECTIVES POUR LE CHANGEMENT
- Nécessité, fondements et nature d'un gouvernement de transition démocratique
- Légalité constitutionnelle et légitimité d'un gouvernement de transition démocratique après M. Paul Biya

LITTÉRATURE
- Ada Bessomo, poète de la colère et de la dénonciation

Jul 10, 2011

Bourgeoisie, classe décadente, non montante

Guillaume-Henri Ngnépi

[Extrait de : Eléments de la problématique socio historique actuelle : contre la fascisation, dont vous trouverez d'autres extraits dans le No.003 de la Revue Alternative révolutionnaire.]

L'idée d'une bourgeoisie tropicale, non seulement faible face au capital colonial, néocolonial et international, mais aussi et surtout inutile et nocive au regard des tâches impérieuses de la libération et de la souveraineté des peuples dominés, date, dans le Tiers Monde, de penseurs révolutionnaires tel Frantz Fanon. Cette idée, chez cet auteur, relève d'un constat effectué, à dire vrai, dès avant 1960, peu auparavant. Qu'en est-il de la bourgeoisie africaine ou des bourgeoisies nationales africaines cinquante ans, et un peu davantage après les analyses de Frantz Fanon ?

Jun 28, 2011

Le RDPC et son nationalisme honteux

Par Magnus Biaga

[Editorial du journal Emergence n° 054 du lundi 27 juin 2011]

Gesticuler aujourd’hui en se réfugiant dans un discours nationaliste est tout simplement honteux. Si Laurent Gbagbo en a usé avec un certain succès pendant plusieurs années ; le RDPC et ses principaux responsables sont extrêmement mal inspirés d’y recourir. Parce que précisément si la France est très mal aimée au Cameroun, c’est parce qu’une frange importante de Camerounais lui reproche d’avoir soutenu activement les deux régimes qui se sont succédé au pouvoir.

Jun 22, 2011

Après le déluge

Par Stéphane Akoa

La
diversité est un facteur essentiel, à la fois pour l'ouverture d'une société aux approches, aux créativités, qui font le monde autour de nous et aussi, également, nécessairement, notre monde, notre communauté nationale, retenue dans les limites d'un espace, ce cher-pays-berceau-de-nos-ancêtres-et-de-Manu-Dibango… La diversité, car elle dit notre héritage multiculturel, est un principe de réalité.

May 25, 2011

Mains vides (poème)

Par E. J. Atangana (30 mai 1955)

Ce poème, publié en 1955 dans un journal à Yaoundé, évoque la répression qui s’abattait déjà sur les populations kamerunaises réclamant l’indépendance de leur pays, bien avant l’interdiction de l’UPC le 13 juillet 1955. Il y a là comme un avant-goût macabre des horreurs sans nom que subiront les Kamerunais à partir de ce mois de juillet 1955 quand Paris donnera une caution officielle à la barbarie.

« ... Mais hélas !
En réponse à la supplique
De ces hommes
Qui, sans armes ni bâtons,
Ni bouteilles, ni machettes,
Mains vides chantaient l’hymne national,
C’est la mitraille qui crépita,
Semant la mort et laissant le vide,
Dans les rangs, dans les familles,
Dans les villes et dans le pays.
Sans armes ni bâtons, ils étaient mains vides,
Mains vides,
Toujours mains vides,
Lâchement assassinés,
Ils moururent les uns après les autres,
Par dizaines et par centaines,
Ils moururent nombreux,
Sans armes ni bâtons,
Ni bouteilles, ni machettes,
Ils étaient mains vides,
Mains vides, ils furent abattus
Mains vides, ils sont morts... »

May 19, 2011

Le Kamerun à la croisée des chemins

Par Jean-Emmanuel Mpouma

Le Kamerun se trouve aujourd’hui dans une situation que nous pouvons qualifier de pré-révolutionnaire. En effet, les contradictions internes du système semblent avoir atteint un niveau de développement tel qu’il devient de plus en plus évident pour tout observateur quelque peu sérieux, qu’il ne sera bientôt plus possible ni aux forces conservatrices de Monsieur Biya de gouverner le pays comme auparavant, ni aux masses populaires de continuer à accepter d’être dominées de cette manière.

May 14, 2011

Qu’est-ce qu’un intellectuel ?

Par Guillaume-Henri Ngnépi

Extrait de : Osendé Afana, intellectuel révolutionnaire, Alternative révolutionnaire, No. 002 - Janvier - Février 2011

Le mot d’intellectuel renvoie à une triple relation. C’est d’abord un rapport au travail, une certaine insertion socioprofessionnelle du fait de laquelle il est fait appel bien moins aux mains qu’à la tête. Volontiers, en effet, on voit sans peine un intellectuel dans un enseignant, un écrivain, un médecin, un avocat, un ingénieur, un administrateur. Et moins aisément dans un ouvrier ou un paysan. Cela dit sans préjuger du bien-fondé de ce réflexe courant.

May 3, 2011

Kamerun : l’Etat fascisant

Par Ghonda Nounga

La répression exagérément brutale des émeutes de février 2008, qui indiquaient clairement le rejet du régime de M. Biya par les populations kamerunaises, a montré au grand jour la nature essentiellement violente d’un Etat qui, depuis la fin des années de braises (1990-1994), affichait un visage faussement débonnaire. Nous en étions, jusqu’en ce fameux mois de février 2008, à une dictature “molle” (ou “conviviale”, selon le mot d’Anicet Ekane). Et nous en sommes à nouveau, comme aux temps d’Ahidjo, à des formes plus rigoureuses de violence physique, et de harcèlement idéologique et psychologique.

Apr 27, 2011

A propos de la marche paysanne du 13 mai 2011 à Yaoundé


Par Théophile Nono


Pour la troisième fois en l’espace de cinq ans, l’ACDIC appelle à une manifestation centrée sur les problèmes saillants de l’agriculture camerounaise. Compte tenu du contexte bizarroïde de ce pays, caractérisé par l’extrême faiblesse (léthargie légendaire des camerounais?) des luttes ou mouvements revendicatifs, qu’ils soient simplement citoyens, syndicaux ou même politiques, c’est quelque chose qu’il faut saluer et encourager. Combien de structures associatives s’engagent, en effet, dans une telle démarche protestataire, revendicative ou dénonciatrice ?

Apr 17, 2011

Notre dernier mot sur la Côte d’Ivoire : Revenir à la Raison

Par Ada Bessomo

Enfin pouvoir essayer de raisonner de nouveau, vu du Cameroun, à propos de la Côte d'Ivoire. Et juger à l'œuvre celui que le peuple aura dans sa majorité choisi. Sans complaisance aucune, car là est bien l'enjeu pour certains : que s'installe enfin, dans ces pays d'Afrique, la banale manie de respecter la loi de la majorité des votants. Eux seuls ont droit de se tromper sur un des leurs, et de se corriger le moment venu. L’affaire muée en tragédie ivoirienne ne tenait qu'à cela, au départ : Ouattara, agent double, triple, agent multiple de l'impérialisme occidental, cela  importait très peu. Du moment que les électeurs, bulletin après bulletin, se massèrent derrière son nom plus nombreux que derrière celui de Gbagbo le nationaliste, le Che Bété, le Ghandi, le Mandela, le Samory Touré, le Douala Manga (pardonne-moi), le Mebenga M'Ebono (pardonne-moi), le tout résistant en somme, alors, il s'agissait juste de se résoudre à cette funeste issue. La loi de la majorité ! La volonté bien acceptée du peuple.

Pour beaucoup le VIH se transmet au Cameroun par voies mystiques également. Cette seule occurrence révèle des ramifications inattendues dans les psychologies et les jugements. Ce qui tombe sous le sens importe le moins : deux hommes, formatés par les mêmes moules (même si nul n’ignore que, pour cette génération-là, avoir été formé aux Etats-Unis pouvait apporter un sens de la liberté plus fort, moins d’allégeance aux modèles, réseaux toujours vivaces et actifs de l’ancienne colonie française !), se livrent une compétition acharnée, après en avoir accepté les règles. L’une des règles préalables et acceptées par tous, nœud de l'affaire, édicte ce principe : l'arbitre de la compétition électorale sera un tiers à l'ordonnancement juridique habituel du pays. L’arbitre de l’élection ne sera pas celui des élections déjà vécues dans le pays. C’est la situation de blocage du pays depuis dix ans qui commande cette option. L’élection à venir, sous cet angle-là, signifiait quelque chose de fondamental. Elle remettait les compteurs du passé récent à zéro. Chaque candidat s’engageait à oublier les raisons qui avaient conduit à cette impasse interne. Ceci, tous les candidats l'ont accepté. Voici qui tombe sous le sens.

Or, à Yaoundé, Douala, Bertoua, être un lettré semble devenir synonyme d’habileté à recycler les peurs irrationnelles des villages dans des acrobaties logiques où la raison perd toute légitimité. Vous en entendrez pour cela vous dire que, si le VIH ne se transmet jamais par voie mystique pour vous, celle-ci ne relevant pas de la raison, du vérifiable, alors c'est que vous seriez inféodé aux Blancs ! Vous seriez même un vendu, un traître à la cause dite africaine.

Le refus de la voie mystique traduit en crise ivoirienne : le conseil constitutionnel ivoirien n'était pas habilité, à la fois, à annuler des voix et à déclarer vainqueur Gbagbo, ainsi qu'il l'a fait. Empêcher devant caméras des personnes de donner des résultats, même avec retard, suffisait à s'inquiéter de l'aptitude de l'auteur ou de son camp, à composer avec quelque contrariété, de manière policée. Un accord était là bafoué.

Or, logique du VIH qui se transmet par voie mystique : des pourcentages sont brandis, des calculs avancés, et ce fourre-tout émotionnel, proto-rationnel : Gbagbo formé chez les socialistes français ? Du nationalisme ivoirien pur jus qu'il allait apprendre là-bas ! Gbagbo cornaqué par Guy Labertit, connu pour être la France socialiste en goguette en Afrique ? Du vent, c'est là marque même de résistance aux Blancs ! Gbagbo enrichi à la vitesse du son ? Pour nourrir la résistance aux Blancs ! Gbagbo divorcé d'une Blanche, père de deux enfants avec elle ? Et alors, Ouattara a toujours la sienne, qui sera première dame blanche, horreur ! horreur ! Gbagbo maître d’un armement sans commune mesure avec la courbe de pauvreté des Ivoiriens ces dix dernières années ? La cause, bouter l’impérialisme de la communauté internationale hors de ce pays,  justifiait cela. Les charniers de Yopougon ? Mais qui les a jamais vus ? Les images de Duékoué, elles, crient la sauvagerie de Ouattara le Burkinabé !

De dérive en dérive, l'insulte s’étoile. La logique villageoise elle-même humiliée. Et cette parole qui seule a souvent scellé les amitiés, les réconciliations parmi les hommes ? Elle avait été donnée par tous, à la fois à l’un et l’autre concurrent, et à l’arbitre, que l’on installait par le même mouvement, dans toutes ses prérogatives. La première de toutes n’était-elle pas de respecter son statut ? D’où s’ébranle donc ce procès en trahison soudain grossissant ? D’un magnifique saut périlleux logique autour de ce statut, justement. L’arbitre, reconnu au premier tour par tous, est récusé au second, par l’un des finalistes, celui-là même qui arrivait en tête le tour précédent. Pourquoi ? Il ne serait pas impartial. Soit. Que faire face à l’arbitre, au juge soupçonné de partialité ? Certainement pas le déjuger soi-même, car alors à un vice supposé l’on substituerait au moins deux : être juge et partie est plus grave encore que manquer de transparence. C’est pourtant cela que le monde vit Gbagbo et Yao N'dré faire. Et le nationalisme, le panafricanisme, la lutte contre l’impérialisme devenaient du fait même les manifestations d’une défaite des cœurs.

Apr 15, 2011

Côte d’Ivoire : des leçons pour l’opposition révolutionnaire kamerunaise

par Ghonda Nounga

Tous ceux qui sont en lutte contre des ennemis plus forts (tel l’impérialisme) savent par cœur :
  1. qu’il faut en permanence évaluer les rapports de forces et accorder ses actions tactiques à ce rapport sans jamais perdre de vue ses objectifs stratégiques ;

  2. que quand la mangue tombe avant la période de la cueillette, le paysan ne s’en prend pas au vent, mais examine l’état de la tige car, comme dit le bon peuple, « le vent ne fait que son travail » (comme il est de la nature de l’impérialisme d’être rapace et guerrier !) ;

  3. et que par conséquent, il ne sert à rien de larmoyer, et qu’il vaut mieux « regarder là où on a glissé plutôt que là ou on est tombé » (encore un merveilleux proverbe africain). C’est bien ce que recommandait le poète et militant Agostinho Neto en son temps : « Nous combattrons, les yeux secs. » L’impérialisme a encore frappé en Côte d’Ivoire, c’est plus que vrai. Mais inutile de hurler et maudire les dieux.
L’on en conviendra aisément, pour peu qu’on ait une certaine vision du développement de l’histoire des peuples, le problème en Côte d’Ivoire, contrairement à ce qu’en pense le commun des mortels, n’est pas celui d’une opposition entre deux individus. Bien qu’il n’en ait pas l’air, il renvoie clairement aux conflits de classes en Côte d’Ivoire, du moins tels que ces conflits se déploient depuis l’indépendance de ce capitalisme de périphérie plus ou moins prospère sous Houphouët. Nous ne nous étendrons pas outre mesure sur cet aspect de l’actualité en Côte d’Ivoire. Mais il est bon de noter que dans la crise qui vient de prendre fin, il était aussi vain de détester Gbagbo que d’aduler Ouattara.

En réalité, on doit considérer Gbagbo comme une figure tragique, et il formerait bien le sujet d’une pièce de théâtre à l’instar de La tragédie du roi Christophe (parole de dramaturge !). Voici un homme, avec des idées relativement honnêtes, qui arrive au pouvoir de manière calamiteuse (comme il le dit lui-même), avec un parti - le FPI - idéologiquement et structurellement faible, dans lequel s’engouffreront bientôt les « Ivoiritaires » qui ont servi et sévi sous Bédié quelques années plus tôt.

Pour que l’affaire « saute aux yeux » de mon lecteur, qu’il imagine des révolutionnaires kamerunais arrivant au pouvoir dans leur désorganisation actuelle, sans milliers de cadres formés. Comment pourraient-ils éviter l’invasion de leur administration par la petite bourgeoisie bureaucratique actuelle, opportuniste à souhait, qui consacre le plus clair de son temps en séminaires, colloques et symposiums, réunions de restitution et autres étrangetés du même genre, à Kribi, au lieu de prendre à bras le corps les problèmes des masses ? Dans une conduite de déni du réel désagréable, ces révolutionnaires ne finiraient-ils pas, comme Gbagbo, par sombrer dans une surenchère révolutionnaire, nationaliste et panafricaniste de verroterie ?

Pour ce qui est de l’intervention des impérialistes (français ici en l’occurrence), ne faisons pas dans le moralisme niais : quoi de plus « normal » ? Où a-t-on jamais vu un impérialisme doux et gentil ?

Et que faut-il faire pour parer aux interventions impérialistes dans nos pays ? La réponse est simple et intransigeante : il faut travailler à faire du peuple un bloc uni et maitre de son destin, y compris en démocratisant fondamentalement le pays, et il faut travailler à faire des peuples africains un bloc uni, pour que les rapports de forces en soient inversés au niveau national, africain et international.

Est-ce ce que Gbagbo a entrepris de faire ? Et comment aurait-il pu réussir, même s’il s’était attelé à cette tâche, avec une administration envahie par des Ivoiritaires hargneux ?

La tragédie de la Côte d’ivoire est celle d’ambitions politiques relativement justes, incarnées dans un parti (le FPI) faible, sans véritable boussole, et sans assise de masses. Au lieu que nous tirions les leçons de cette tragédie qui a transformé Gbagbo (à son corps défendant peut-être) en dictateur et en imposteur, nous nous voilons la face sur les vraies causes du drame ivoirien.

L’impérialisme est le facteur externe et il rencontre un facteur interne favorable ! Les patriotes africains doivent prendre grand soin de travailler à renforcer le « facteur interne. » C’est une tâche urgente à entreprendre tout au long de la lutte pour le pouvoir et avant même l’accession à celui-ci.

Et le fait que Gbagbo n’ait pas tenu dix jours militairement est significatif. Qu’on se rappelle que les combattants pour l’indépendance véritable du Kamerun ont tenu de 1955 à 1972, parfois avec de simples machettes et sans avoir jamais flirté avec le moindre pouvoir, même pas municipal ! Le fait que Gbagbo, après 10 ans au pouvoir, ait tenu à peine une dizaine de jours indique que lui-même et son parti n’avaient de soutien que purement électoral (comme M. Biya) et non pas populaire (comme ce serait l’idéal pour l’opposition révolutionnaire).

Nous avons dans l’histoire du Kamerun un véritable laboratoire de ce que c’est que la lutte contre l’impérialisme. Ce passé est une gigantesque encyclopédie politique vivante à laquelle nous ferions mieux de nous référer de temps à autre. Et on y trouvera que la meilleure manière d’apporter notre assistance à un autre peuple africain, ce n’est pas de vitupérer et larmoyer, ce n’est pas de maudire l’impérialisme et les dieux, mais de créer chez soi un « autre Vietnam ».

Che Guevara recommandait de créer mille Vietnam. Et nous avons au Kamerun les esclavagistes que sont Bouygues, Total, et Bolloré, ce dernier payant aux ouvriers agricoles 15 000 FCFA par mois pour 12 heures de travail journalier. Si ce n’est pas là une manifestation patente de l’impérialisme français, qu’est-ce que c’est donc ? Aider ces ouvriers et d’autres esclaves de la France à s’organiser, c’est aider le peuple ivoirien et les autres peuples (y compris non africains), sans risquer de se tromper de partenaire et d’ennemi, et sans risquer de se tromper de combat.

Apr 8, 2011

Elecam 1, Elecam 2, Elecam 3 ou la faillite du régime Rdpc

Par Abanda Kpama (Président du Manidem)

Avec le projet de loi que le Gouvernement vient de déposer sur la table de la Représentation Nationale, on peut affirmer que le régime Rdpc a définitivement tourné le dos à une solution durable de la grave crise politique et morale dans laquelle notre pays se débat depuis au moins deux décennies.

Contraint d’une part par les luttes récurrentes des Kamerunais qui exigeaient le multipartisme et la démocratie, et d’autre part par le contexte international du vent de l’Est, M. Biya et ses amis du Rdpc ont accédé à la revendication de la libération du jeu politique au début des années 90, mais juste du bout des lèvres. La culture démocratique subséquente à une volonté politique affirmée de changement, est restée étrangère aux tenants du pouvoir. Les idéologues et pontes du Rdpc n’ont jamais abandonné la culture du monolithisme et du fait accompli. De telle sorte que les problèmes que connaît notre pays n’ont pas pu trouver de solutions durables. Que de fois patriotes et démocrates ont appelé à des assises nationales incluant toutes les forces vives de la nation : partis politiques, syndicats, congrégations religieuses, chefs traditionnels, Ong, etc., pour élaborer de manière consensuelle un pacte social, une constitution et un code électoral. Cette démarche aurait eu l’avantage de doter le pays d’institutions consensuelles, c'est-à-dire acceptées par toutes les catégories et classes sociales kamerunaises. Personne ne prétend que de telles institutions seraient parfaites mais elles auraient au moins l’avantage d’avoir été élaborées par tous et seraient donc un socle solide pour la stabilité de la nation.

Toujours dans la logique du monolithisme, le pouvoir Rdpc tient en horreur l’idée de l’alternance politique. A un point tel que 20 ans après les lois sur la liberté d’association, les Opposants politiques, les syndicats autonomes, les leaders d’opinion et les médias indépendants sont toujours considérés comme des rebelles ; exactement comme en 1962, sous Ahidjo et Fochive, avec la fameuse ordonnance sur la subversion. Plus de 20 ans après les lois sur la liberté d’association, il n’existe toujours pas un statut pour l’Opposition politique. L’Administration, entièrement aux ordres du Rdpc, et les forces de l’ordre, continuent de traiter d’honnêtes citoyens kamerunais comme des bêtes sauvages qu’il faut éliminer, au seul tort qu’ils n’appartiennent pas au parti au pouvoir. Dans cet univers de l’intolérance, imaginer que d’autres forces politiques ou sociales prennent le pouvoir relève du mythe. L’architecture politique et juridique des institutions du régime Rdpc est ainsi faite que l’alternance politique à la tête de l’Etat et au Parlement est impossible.

L’exemple d’Elecam est illustratif de la faillite morale du pouvoir Rdpc. Le Minatd ayant fait l’unanimité contre lui dans l’organisation des élections, M. Biya a fait une première concession au Peuple kamerunais qui réclamait un organe indépendant pour gérer le processus électoral. Cette concession, il l’a appelée Onel 1, un observatoire, rien de plus. Devant la pression des Kamerunais, il a sorti Onel 2, rien de mieux. C’est alors que le jeu complexe des aspirations légitimes des populations kamerunaises et des intérêts des partenaires occidentaux du Kamerun ont amené M. Biya à créer Elecam. On a cru à une avancée. On a même failli applaudir. Mais à peine votée, la loi sur Elecam a été violée par le même Gouvernement qui l’a conçue. Le Conseil Electoral a été composé à 100% par les pontes du Rdpc en violation flagrante de l’esprit et de lettre de la loi. Mais plus grave a été la modification de la loi sur Elecam avant même sa mise en route pour… réintroduire le tristement célèbre Minatd dans le processus électoral ! C’est ainsi qu’est né Elecam 2. La dernière actualité sur Elecam donne à comprendre que le régime de M. Biya a tiré les conséquences dans la crise postélectorale ivoirienne. Elecam ne pourra même plus proclamer les résultats provisoires des élections. Cette prérogative ainsi que la proclamation définitive sont dévolues au Conseil Constitutionnel c'est-à-dire, en fait, à la Cour Suprême. Quand on sait le type de rapports que M. Biya entretient avec la Cour Suprême, on peut deviner quel type de résultats cette dernière institution serait amenée à proclamer dans une élection où M. Biya serait candidat.

L’embrouillamini autour des différentes modifications de la loi sur Elecam est tel qu’en y regardant de près, on en arrive à se demander à quoi servira désormais le Conseil Electoral. Les élections étant organisées par la Direction Générale d’Elecam sous le contrôle très strict du Minatd, les résultats, même provisoires étant proclamés par la Cour Suprême, le Directeur Général d’Elecam n’étant pas soumis au Conseil Electoral, ce dernier est devenu un organe vide, sans objet ; alors, qu’il y ait 12, 18 ou 24 membres au Conseil Electoral, cela ne change rien. M. Biya, dans un de ses tours de passe-passe dont il a seul le secret, a réussi à verrouiller, à son profit et au profit de son parti, le système électoral. Avec Elecam 3, on est dans une reculade explicite. La faillite est consommée. Car, être amené à modifier à deux reprises une loi avant sa mise en application et alors qu’on a conçu et élaboré la loi sans concertation avec les autres forces sociales et politiques du pays, traduit la déroute politique et morale du régime Rdpc. Inutile d’évoquer amplement la méthode, outrageusement anti démocratique, qui consiste à déposer les projets de loi à la dernière minute, privant ainsi les députés de la possibilité d’un examen sérieux de ces projets.

Notre sentiment est qu’en refusant l’alternance et en verrouillant le jeu politique, sans que par ailleurs les problèmes économiques et sociaux des Kamerunais ne trouvent un début de solution, M. Biya entraîne inéluctablement le Kamerun vers une crise majeure avec risque d’implosion.

Apr 2, 2011

Côte d’Ivoire : la ruine presque cocasse de l’intellectualité au Kamerun

Par Ghonda Nounga

La grande faillite des intellectuels africains au sujet de la Côte d’Ivoire provient de ce qu’ils n’ont pas su (ou pu ?) réajuster leurs schèmes d’analyses à la nouvelle géopolitique mondiale subséquente à la chute du stalinisme en URSS. Ces intellectuels se croient encore en pleine guerre froide. Et pourtant, l’ingénu de Voltaire, qui vit et survit dans les élobis de nos quartiers, a quitté le manichéisme de la guerre froide depuis belle lurette. Mais nos Jean-Paul Sartre locaux (ou diasporés) s’y complaisent encore, se soutenant les uns les autres dans un chorus d’idées branlantes.

Or l’impérialisme lui-même s’est réajusté après la chute de l’URSS ! Dans sa quête d’un nouvel ennemi à brandir pour justifier ses actes de prédation, il s’est tourné vers ses propres fabrications antérieures : les talibans. Et ces talibans ne sont en réalité qu’une maigre poignée de gens dont Washington et ses amis pourraient se débarrasser en un tournemain. Mais alors, quel autre justificatif auraient-ils alors pour leurs perpétuelles guerres de rapine ?

Par ailleurs, et le plus sérieusement du monde, leurs idéologues (et quelques dirigeants états-uniens) ont envisagé une « guerre des civilisations » contre les pays musulmans. L’impérialisme, nous l’a dit Lénine il y a belle lurette, a besoin de la guerre comme l’organisme animal a besoin de sang.

Avec le soulèvement des peuples arabes, l’impérialisme, pour ne pas être pris à défaut comme nos intellectuels « progressistes », cherche à nouveau à se réadapter. Car, que peut ouvertement cet impérialisme contre des peuples qui, s’emparant de ses propres professions de foi universalistes pour la démocratie et les droits de l’homme, se dressent contre les dictatures dont cet impérialisme était le soutien inconditionnel ? Et l’on comprend qu’Obama, Sarkozy et leurs copains veuillent désormais prendre les devants pour éviter la radicalisation de ces révoltes.

Et que disent nos intellectuels demeurés face à ces nouveaux enjeux ? Dans le droit fil de leurs interprétations oiseuses de ce qui se passe en Côte d’Ivoire, ils inventent le mythe selon lequel ce sont Obama, Sarkhozy et leurs copains qui seraient derrières les révoltes arabes, déniant ainsi aux peuples la capacité de se révolter pour tenter de prendre leur destin en main. Drôle de posture intellectuelle quand on est Kamerunais et qu’on a connu (au moins par ouï-dire) la gigantesque épopée du peuple kamerunais sous la direction de l’UPC !

Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, quelle est sa place dans le schéma ci-dessus esquissé de manière sommaire ? Les choses sont d’une simplicité à faire pleurer : sous Houphouët comme sous Gbagbo, la Côte d’Ivoire a été et reste la « propriété » de la France, laquelle, dans une sorte de gentlemen’s agreement, autorise ses alliés impérialistes à y faire des affaires. Avec Ouattara, la situation ne sera certainement pas différente. Mais ici, l’avantage pour le peuple ivoirien et l’Afrique en général, c’est que la démocratisation de la vie politique et l’alternance constituent déjà en elles-mêmes un grand pas vers la conscientisation et la politisation des masses. Pour le comprendre, il ne suffit que d’imaginer le formidable souffle qui soulèvera le Kamerun quand Biya s’en ira, quel que soit par ailleurs son successeur !

Gbagbo aurait dû comprendre et mettre en pratique ce principe d’un forumiste kamerunais : gouverner pour le bien-être de son peuple, instaurer la démocratie de manière à ce que ce peuple soit le souverain maitre de son destin et qu’il puisse mettre et démettre ses dirigeants, c’est, quoiqu’on puisse en dire, gagner déjà une bataille contre l’impérialisme.

Mais Gbagbo ne pouvait le comprendre. Il était aussi anti-impérialiste que moi je suis pape.

Les dieux en soient remerciés, l’URSS staliniste est tombée. Sinon, en CI, nous aurions vu les Occidentaux soutenir Ouattara tandis que ladite URSS aurait soutenu l’usurpateur Gbgabo. Et la guerre aurait duré un siècle pour la plus grande satisfaction « anti-impérialiste » de ces étranges intellectuels que sont Calixte Beyala, Gaston Kelman et d’autres qui, s’ébrouant dans un avatar de négritude (à rebours), expulsent joyeusement les Nasser du panafricanisme en le confondant allègrement avec le « pan-négrisme. »

Qu’est-ce qu’il serait utile, pour les temps à venir, de passer en revue l’illogisme et la rhétorique des bas-fonds qui ont accompagné la célébration béate du « panafricanisme » et de l’« anti-impérialisme » de l’imposteur Gbagbo ! Parce que l’histoire ne prend pas de congés ; parce qu'elle ne prend pas de vacances ; et parce que nous devons rester lucides et vigilants au possible.

Mar 30, 2011

Burkina Faso : Non à la répression de Blaise Compaoré contre le peuple « des hommes intègres » - Compaoré dégage !

15 mars 2011 - Communiqué de presse du Groupe de travail Afrique du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA)
A l’instar des Tunisiens et des Égyptiens qui ont bouté hors de leur pays les dictateurs Ben Ali et Moubarak, les peuples de l’Afrique sub-saharienne ne sont pas en reste et doivent être soutenus. Le peuple du Burkina Faso « La patrie des hommes intègres » (nom donné en 1984 par le révolutionnaire Thomas Sankara) se bat depuis plusieurs semaines contre le régime qui, depuis 1987, empêche le Burkina Faso de vivre dans la liberté et la dignité. Ce régime, c’est celui de Blaise Compaoré qui vient de remporter les élections présidentielles de novembre 2010 à plus de 80,15%.
Impliqué dans le meurtre de Thomas Sankara, fauchant l’espoir de tout un continent porté par ce digne fils de l’Afrique qui osa dire non à l’impérialisme, le régime de Blaise Compaoré est aussi responsable de la mort en décembre 1998 du journaliste Norbert Zongo, restée impunie à ce jour et dénoncée tous les ans par les Burkinabais. Beaucoup d’autres fils et filles du pays des hommes intègres, ont payé de leur vie la résistance contre ce régime inique dont les seuls faits d’armes restent la déstabilisation de la sous région notamment le Liberia et la Côte d’Ivoire. Malgré tout, Blaise Compaoré a réussi à se tailler un costume de médiateur en Afrique. Avec le soutien de pays comme la France, le bon élève de la Françafrique et du FMI pensait pouvoir tenir jusqu’à la prochaine mascarade électorale.
A la suite de la mort par torture du jeune Justin Zongo le 20 février 2011, des manifestations violentes le lendemain à Koudougou vont faire deux nouveaux morts tandis que le régime tente de camoufler le meurtre de Justin Zongo , déclaré mort de la méningite. Les manifestations se multiplient et la seule réponse de ce régime inique est la répression qui fait de nouveaux deux morts, portant à six le nombre de jeunes burkinabais tués pour avoir réclamé la justice. Depuis lors, tous les jours, les Burkinabais sont dans la rue tandis que Blaise Compaoré continue de réprimer son peuple qui ne demande pourtant qu’une seule chose : que la justice soit faite. La manifestation du vendredi 11 mars, organisée par l’ANEB ( Association Nationale des Étudiants du Burkina - Ouagadougou) a été à son tour sévèrement réprimée, faisant plusieurs blessés. Le régime a depuis fermé tous les établissements d’enseignement jusqu’à nouvel ordre tandis que militaires et gendarmes sillonnent la capitale. Il semble par ailleurs, qu’un militant de l’Union pour la renaissance/Parti Sankariste (UNIR/PS), ait été interpellé par la gendarmerie à Kaya le 11 mars 2011. Le NPA , en cette période de lutte contre les dictatures, la corruption et l’injustice :

-- Exprime sa solidarité avec les camarades arrêtés ;
-- Dénonce le comportement des autorités burkinabées, habituées du harcèlement des forces d’opposition ; 
-- Soutient la jeunesse du Burkina dans sa lutte contre l’injustice ; 
-- Appelle la jeunesse, les partis démocratiques, le mouvement social en Afrique et ailleurs dans le monde à continuer à se mobiliser pour que toute la lumière soit faite sur -l’assassinat de Norbert Zongo et du jeune Justin Zongo ; 
-- Appelle à la justice pour Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987 lors du coup d’État qui porta Blaise Compaoré au pouvoir.

Mar 29, 2011

Naissance du « Collectif Mémoire 60 » pour honorer la mémoire des martyrs de la lutte pour l’indépendance

La lutte indépendantiste de l’Union des populations du Cameroun est un des plus hauts faits d’arme du patrimoine historique du Kamerun. Les Kamerunais ne se seraient certainement pas affranchis de la domination directe de l’occident prédateur si les nationalistes héroïques des années 50/60 n'avaient, par milliers, sacrifié leur vie.

Perpétuer le souvenir glorieux des acteurs de cette époque (1955-1974) est le devoir que le « Collectif Mémoire 60 » s’engage à accomplir pour leur rendre hommage et proclamer que leurs souffrances n'ont pas été vaines.

L’association se donne pour but de dévoiler aux Kamerunais les pans cachés de leur histoire, et pour objectif de promouvoir le devoir de mémoire envers les nationalistes révolutionnaires qui ont donné leur sang et leur vie pour que le Kamerun accède à une véritable indépendance, en lieu et place de la mascarade actuelle.

Le « Collectif Mémoire 60 » annonce les actions ci-après pour accomplir son but et son objectif :

- l’organisation  et l’animation, sous diverses formes, de journées commémoratives ;
- la diffusion de masse de documents écrits, sonores ou vidéos sur l’histoire de la résistance nationaliste camerounaise ;
- la diffusion de masse de documents historiques (brochures, livres, CD) portant sur la lutte nationaliste ;
- le recueil de témoignages de toutes sortes sur cette période (audio, vidéo, etc.) ;
- la publication de témoignages et d’archives ;
- la production, reproduction, conception et édition de brochures écrites ;
- la  recherche, collection, reproduction et diffusion de documents photographiques sur les héros connus et inconnus de la lutte héroïque pour l’indépendance nationale ;
- la recherche, la collecte et la diffusion médiatique des chansons patriotiques en langues nationales et leur transcription et diffusion en français ;
- la recherche de documents d’archives ;
- le sponsoring de travaux de recherches historiques (mémoires, thèses, articles) sur le nationalisme révolutionnaire camerounais ;
- l’organisation de groupes de travail sur la lutte nationaliste dans les établissements scolaires aux fins de transmission aux jeunes générations.

Pour davantage d’information, écrire à l’adresse suivante : elioteph@yahoo.fr

Arbitrary Arrest and Continued Detention of Kingsley Ashu is Political and Unacceptable

CAMEROON CENTER FOR DEMOCRACY AND HUMAN RIGHTS (CCDHR)

Press Release: (March 28, 2011)

The Cameroon Center for Democracy and Human Rights (CCDHR) is calling for the immediate and unconditional release of Kingsley Ndip Ashu, arrested on February 23, 2011 in the city of Kumba, South West Region of the Republic of Cameroon. Kingsley, a young civil society activist and former University of Buea student leader has been languishing in the Kumba central prison without bail for more than a month on the bogus charge of misinforming officers of law and order about his place of birth and possession of falsified documents.
Motivated by successful peaceful demonstrations in Tunisia and Egypt, some political leaders and civil society groups had called on Cameroonians to go to the street on February 23, 2011 to demand freedom, democracy, respect for human rights, free and fair elections, and for the resignation of Paul Biya who has been in power for 29 years. On the said day, Kingsley stood in front of a popular news stand in Kumba where he engaged in discussions with other denizens of Kumba on the Tunisian and Egyptian uprisings, and the possibility of it happening in Cameroon. This gathering drew increasing number of people, and the police which was already on high alert because of the planned demonstration got involved, and arrested Kingsley for inciting public disorder and insulting the Head of State, Paul Biya.
Upon discovering later that Kingsley’s birth certificate and national identification card carry difference places of birth, Buea and Eyumojock respectively, the Government shamefully dropped the original charge of inciting public disorder and insulting Paul Biya for which Kingsley was originally arrested. He has now been charged with misleading uniform officers with falsify documents and has been held without bail for more than a month. It must be noted that the documents in question (birth certificate and identification card) are officially issued government documents, and while the places of birth on both documents are contradictory, none of these documents is forged. In addition, Kingsley has argued that the error on his identification card had been made by the issuing authority not him, and that steps were already being taken to correct that error. Meanwhile, the incongruousness of the offence in question and the treatment Kingsley is being subjected to supports the suggestion of a politically endorsed action against Kingsley Ashu rather than the mere application of the law.
It must be recalled that under the leadership of the University of Buea Student Union, the students of the University of Buea in November 2006 took to the streets in opposition to the corrupt educational practices by the Minister of Higher Education in connivance with the University of Buea authorities. The demonstrations followed impropriety in the selection process into the School of Medicine at the University of Buea and was sparked by the imposition of a list of 153 candidates selected for interview as part of the admission process into the School of Medicine. The list of 153 candidates, which was signed by the Minister of Higher Education, was inconsistent with the list of 127 successful certified examinees previously signed and published by the Vice Chancellor of the University of Buea. The Minister’s list was inflated with 26 new names most of whom had not even sat for the entrance exam into the School of Medicine at the University of Buea. Among the leaders of this vigorous stand against the Government of Cameroon was Kingsley Ndip Ashu, the then Vice-President in charge of Economic Affairs of the University of Buea Student Union.
Kingsley is being held against his will by the Government of Cameroon for political reasons rather than the spurious claim of misinforming uniform officers about his place of birth. His arrest, denial of bail, and continued detention appears to be an act of retaliation against this young and bright Cameroonian, who along with his brave colleagues of the University of Buea Student Union, exposed the corrupt practices of the Government of Cameroon in its fraudulent meddling with university admissions. CCDHR is very concerned about the physical and mental status of Kingsley Ashu. His arrest and detention is in violation of Section 30 (4) of the Criminal Procedure Code which states that:
 “No bodily or psychological harm shall be caused to the person arrested”.
Since his arrest on February 23, 2011, the administration continues to play with time by continuously adjourning his arraignment before a court of law, thereby subjecting him to various forms of psychological torments in an effort to break his will and force him to refrain from ever again engaging in criticism against the Government of Cameroon.
In addition, the detention of Kingsley Ashu under deplorable prison conditions continues to be in violation of Section 37 of the Criminal Procedure Code which states that:
"Any person arrested shall be given reasonable facilities in particular to be in contact with his family, obtain legal advice, make arrangements for his defence, consult a doctor and receive medical treatment and take necessary steps to obtain his release on bail".
Since his arrest, Kingsley has not been afforded access to medical care even though he has sustained injuries from being assaulted in prison, and the defence motion to get his release on bail has not been entertained because of a deliberate delaying tactic by the regime in Cameroon as they plot strategies to victimize and make a scapegoat of this young Cameroonian for no justified reason. CCDHR would like to express its legitimate fears that because of the political nature of this case, Kingsley’s chances of a fair trail before the Cameroonian judiciary are slim to nothing. In Cameroon, the President appoints all prosecutors, judges, and other officers of the judiciary. He equally guarantees the independence of the judiciary, and as we have seen in Cameroon, this means that the government is given a free ride to trample on the rights of its citizens as judicial recourse in situations of human rights violations is almost always nonexistent.
CCDHR is requisitioning the Government of Cameroon to immediately and unconditionally release Kingsley Ndip Ashu and other political prisoners across Cameroon for the sake of respect for human rights. The Government of Cameroon needs to be conscious of its obligation towards its people, and respect their rights to hold opinion and freely express their opinion without fear of reprisal. The action of Kingsley Ashu on the day of February 23, 2011 falls squarely within the ambits of constitutionally guaranteed and internationally recognized human rights. The Government of Cameroon must respect the laws of the country and adhere to international standards guaranteeing the rights to freedom of expression. Ambushing people who hold opinions different from that of the regime is a tendency only favored by dictators because they have no facts to proof their allegations except through force and judicial fraud. CCDHR is also calling on Cameroonians across the world and sympathizers of victims of human rights violations in Cameroon to give the case of Kingsley Ashu the widest publicity so as to pressure the Government of Cameroon to release him and refrain from persecuting Kingsley or any others in the future barely because they express themselves.

Mar 28, 2011

Editorial : le sens d’une revue électronique

Par Guillaume-Henri Ngnepi

Pour quiconque se satisfait de lieux communs, il faut un peu partout, en Afrique, une alternance politique.

Mais pour l’observateur exigeant, et bien plus encore pour le menu peuple, il faut, audelà du seul changement de personnel politique, au-delà du seul changement d’hommes, une véritable alternative, de vrais changements de fond au plan structurel, institutionnel.

Dans la décennie à venir, tout ou presque étant voué à changer ou à disparaître, ce n’est pas le pouvoir dominant en exercice qui pourvoira à ces changements dont les exigences sont incompatibles avec sa crispation sur la défense des privilèges d’une poignée d’oligarques nationaux soutenus de l’extérieur.

Il faut donc songer à lui substituer d’autres forces dont la construction est à poursuivre, patiemment. C’est nécessaire : l’ordre existant n’est pas le seul possible ; il nous conditionne assurément, nous n’en faisons pas moins de notre mieux pour conserver notre capacité de formuler des aspirations, des intérêts et des exigences incompatibles avec lui. Ce qui montre bien qu’une société se maintient d’en haut, et ne se défait et se transforme que d’en bas, du fait de l’action organisée de ses laissés pour compte, et dieu sait qu’ils sont nombreux, parmi les jeunes surtout, éjectés des écoles, collèges, lycées et universités, sans perspective aucune en matière d’emploi et de survie.

Le changement donc procèdera de l’essor de nos luttes diverses, fonction de leur compatibilité avec les intérêts et les aspirations du grand nombre qui se trouve être constitué des masses populaires certes ; mais la justesse de nos analyses aussi contribuera à ce changement.

Aussi la tâche de l’heure est-elle d’élaborer le possible. En continuant de le penser, d’en former le concept qui, bien qu’abstrait, n’éloigne pas du réel, ne nous en coupe pas, mais nous en rapproche au contraire en unifiant la diversité des perceptions différenciées de nos sens.

Et quel meilleur gage de cette pensée du possible que de partir de ce que l’avenir n’est pas une page blanche, ni pourtant l’histoire pratique un destin.

Nous ne voyons sans doute pas le même monde, il nous faut cependant en édifier un qui nous soit commun. Et pas autrement qu’en le pensant d’abord. Le concevoir dans nos têtes pour ne pas avoir à l’édifier par tâtonnements, par essais et erreurs, au prix d’un immense gâchis en temps, en énergie, et peut-être aussi en hommes, et en tout cas, certainement en argent.

Pour ainsi penser ensemble nos problèmes, quoi de mieux que nous y employer à travers un organe d’expression, et pas n’importe lequel : non pas un quotidien qui colle à l’événementiel, et court le risque en demeurant à ras de sol de borner par trop notre horizon ; mais un bimestriel théorique qui ambitionne, sans prétention, de dégager du fatras des événements quelques lignes de force à partir desquelles ils deviennent non seulement intelligibles, mais surtout utiles à notre action de transformation révolutionnaire du monde ?

Certains lettrés auxquels l’on doit d’ailleurs certaines impasses et certains drames du mouvement social populaire usent de la pensée pour occulter, voire travestir le réel.

Quant à nous, nous entendons en faire quelque chose qui nous dote de la largeur de vue indispensable à l’action. Quelque chose qui serve à mieux cerner l’objet de cette action, la fonction, le rôle de chaque protagoniste. Au vrai, pour nous autres, le principal n’est pas de vivre comme certains s’en persuadent, reprenant d’ailleurs en cela un lieu commun en usage autour d’eux ; mais l’essentiel est de se donner une raison de vivre, de savoir comment vivre, avec qui, contre qui, pourquoi et pour quoi en deux mots.

Qui ne voit que pour ainsi s’élever audessus de l’existence purement végétative, sans relief, et avoir souci des valeurs autant que de l’irruption des masses populaires sur la scène de l’histoire pratique, il n’est pas seulement besoin de penser : il nous faut, de toute nécessité, penser par nous-mêmes car, même vraie une pensée venue des autres ne peut l’être pour nous que repensée par nous -mêmes.

Les objectifs du Millénaire pour le développement et l’environnement économique des pays africains

Par Abanda Kpama Pierre

Adoptés en septembre 2000 par 191 Etats membres de l’ONU, les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), étaient censés organiser la solidarité de la « communauté internationale » autour des pays dits en développement encore appelés « pays pauvres », pour permettre à ces derniers d’atteindre, avant 2015, les huit objectifs suivants :
  1. Entre 2000 et 2015, réduire de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à 1 dollar par jour et la proportion de la population qui souffre de la faim.
  2. Assurer l’éducation primaire pour tous à l’horizon 2015
  3. Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire.
  4. Réduire de deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, entre 1990 et 2015.
  5. Réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle entre 1990 et 2015
  6. D’ici à 2015, stopper la propagation du VIH/sida et commencer à inverser la tendance ; maîtriser le paludisme et d’autres grandes maladies, et commencer à inverser la tendance.
  7. Intégrer les principes du développement durable dans les politiques nationales ; inverser la tendance à la déperdition des ressources environnementales.
  8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

Cinq ans après le lancement de l’initiative OMD, le bilan montra clairement l’impossibilité d’atteindre les objectifs fixés, notamment pour les pays africains. Nous sommes dix ans après, le constat est sans appel : en dehors de la réduction du taux de propagation du VIH SIDA, aucun des sept autres objectifs fixés en 2000 ne sera atteint en 2015. Que s’est-il donc passé ? Les idéologues néolibéraux et leurs admirateurs disséminés dans nos contrées tropicales répètent à qui veut les écouter que la crise économique mondiale a empêché la réalisation des OMD. Il reste à nous expliquer pourquoi la même crise n’a empêché ni la Chine, ni le Vietnam, ni l’Inde, ni le Brésil, ni le Venezuela, sans parler de Cuba qui avait déjà atteint les objectifs du millénaire avant 2000, de sortir de la pauvreté et de construire des Etats et des économies viables, solides et en progrès.

Les causes de l’échec

En réalité, les OMD étaient plombés dès le départ. Les économies des pays dits pauvres sont insérées dans le système capitaliste mondial, non pas en tant qu’économies partenaires, mais plutôt comme économies de sous-traitance. Le rôle qui est assigné aux pays dits pauvres est celui de pourvoyeurs de matières premières bon marché, de main d’œuvre « gratuites »aux fins d’alimenter les industries occidentales et notamment les multinationales et de les rendre compétitives. Toute acquisition et maîtrise de technologie, toute industrialisation d’un pays dit pauvre est fortement combattue par l’Occident capitaliste. Un pays capitaliste qui partagea avec l’Angleterre le rang de première puissance économique au 19e siècle, a même réussi l’exploit de faire adopter sa monnaie par 14 Etats africains, dépouillant ainsi ces derniers de leur souveraineté monétaire. Des économies aussi fragiles qui ne génèrent que faible croissance, alimentent plutôt la pauvreté et le non-développement. Penser que de tels pays puissent promouvoir le bien-être de leurs populations était donc un leurre. A moins d’imaginer que « l’aide internationale » ou encore « la communauté internationale », concepts creux qui traduisent la duplicité et l’hypocrisie occidentales, sont à même de financer le développement économique de nos pays. L’Histoire malheureusement ne donne pas d’exemple de pays qui se soit développé économiquement grâce à l’aide de « la communauté internationale ». Tous les pays qui se sont développés en dehors des Etats coloniaux qui ont pillé les richesses des pays dominés, ont suivi une voie endogène, s’appuyant sur leurs ressources matérielles et humaines intérieures d’abord.

L’on comprend pourquoi la démarche qui a consisté à aligner les OMD sur la solidarité internationale était saugrenue. L’impulsion aurait dû venir des Etats eux-mêmes. Or, crise ou pas crise, le constat que l’on peut faire sur l’état des économies des pays africains est accablant. La quasi-totalité des pays africains ont régressé. A quelques exceptions près, l’accès à l’eau potable, à l’électricité, aux soins de santé et à l’éducation concerne une minorité de la population. La majorité se débat dans l’extrême précarité et ce n’est pas un hasard si l’espérance de vie dépasse à peine les 50 ans alors qu’il atteint 70 ans dans le reste du monde. Un petit pays comme Cuba réussit à faire vivre ses citoyens plus de 70 ans, instruit 100% de ses jeunes citoyens, offre de l’eau potable, de l’électricité et des soins de santé qui sont d’ailleurs gratuits à 100% de ses citoyens ! A contrario, si l’on prend l’exemple d’un pays comme le Kamerun qui est doté d’immenses richesses naturelles, il est classé à la 171e place sur 183 sur l’échelle IDH (indice de développement humain classement 2009) ; l’eau potable et l’électricité n’y sont accessibles qu’à la moitié de la population, l’espérance de vie est de 51 ans, les soins de santé sont payants, et donc inaccessibles à la majorité de la population, on compte 1 médecin pour 20 mille habitants.

L’échec des OMD était prévisible. On s’est attaqué aux conséquences et non à la cause du problème. Or de quoi s’agit-il ? Nos pays sont enserrés dans la mondialisation néolibérale et n’ont donc que très peu de marge de manœuvre. Les grands pays capitalistes : USA et Union Européenne et notamment la France, utilisent les bras armés que se sont la Banque Mondiale, le FMI, l’OTAN et la CPI pour bloquer toute tentative d’émancipation des pays dits pauvres. Dette, plans d’ajustement structurels (PAS), facilités d’ajustement structurels renforcés (FASR), accords de libres échanges, immigration choisie, tout est inventé et mis en œuvre pour dominer nos pays et les maintenir dans le sous-développement économique et social. Certains pays capitalistes occidentaux comme la France et les USA vont jusqu’à fomenter des coups d’Etat, des guerres et des assassinats de leaders politiques indociles pour placer à la tête de nos Etats des mercenaires à la solde de l’Occident. Ce fut le cas au Congo-Kinshasa avec l’assassinat du grand dirigeant panafricaniste Patrice-Emery Lumumba le 17 janvier 1961 par les Américano-belges via la CIA et l’installation du dictateur sanguinaire Joseph-Désiré Mobutu. Ce fut encore le cas en 1958 et en 1960 au Kamerun avec les assassinats de Ruben Um Nyobe et de Félix Roland Moumie par l’armée et les espions français et l’installation du dictateur sanguinaire Ahmadou Ahidjo. Ce fut encore et toujours le cas au Gabon, en RCA, au Tchad, au Congo-Brazzaville avec le débarquement et le soutien de l’armée française pour imposer à la tête de nos Etats des dictateurs fantoches, totalement acquis aux intérêts de l’Occident.

Embrigadement économique, coercition politique se conjuguent pour étouffer toute tentative d’émancipation de nos Etats. Dans un tel contexte, l’initiative qui a donné naissance aux OMD ne doit être comprise que comme une énième tromperie de la « communauté internationale » à l’endroit des pays et peuples dits pauvres. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler que des esprits nobles, ont, bien avant l’an 2000, proposé que chaque pays industrialisé dont la richesse actuelle est le fruit de l’exploitation des richesses et des peuples de pays tiers, que chaque pays industrialisé donc, consacre 1% de son PNB (produit national brut), d’autres disant PIB, pour l’aide au développement des pays « en voie de développement ». Aucun pays industriel n’a approché ce chiffre de 1%. La France qui est l’un des pays qui exploite le plus de l’Afrique a atteint 0,7% ! Ni les USA qui ont bénéficié de 400 ans de travail gratuit des Africains emmenés comme esclaves en Amérique, ni la Grande-Bretagne, grand pays colonial du 19e et 20e siècle, ni l’Allemagne Fédérale, première puissance économique européenne, ni le Canada, ni le Japon, ni les pays scandinaves n’ont pu affecter 1% de leur richesse aux autres peuples de la planète terre pour soulager leurs misères. L’aide au développement est un bluff et aucun pays africain ne sortira du sous développement en comptant sur cette aide. Les objectifs du millénaire ont échoué. Ils ne seront atteints dans aucun domaine. Reste donc à en faire le deuil et à penser à une autre solution.

Indépendance politique, rupture économique et panafricanisme

Pour sortir de la nuit noire, les peuples africains n’ont qu’une et une seule issue : lutter pour conquérir leur véritable indépendance afin de se réapproprier leur destin. Les exemples ivoirien et tunisien doivent inspirer les autres peuples africains. Nous avons le choix entre baisser les bras et demeurer esclaves, ou lutter avec opiniâtreté pour conquérir notre liberté et notre souveraineté. Nous devons lutter sans relâche, avec une détermination sans faille pour conquérir le droit de disposer de nos richesses, de décider nous-mêmes de notre avenir, de choisir en toute liberté et transparence nos institutions et nos dirigeants, de parler nos langues si riches et si belles, de nous approprier notre culture qui traduit notre vision du monde. Nous devons lutter pour tuer le néocolonialisme dont la françafrique n’est qu’une forme hybride particulièrement nocive. Ce combat est difficile parce que nous le menons étant éparpillés et dispersés. C’est pour cette raison que sa finalité doit être l’unité de l’Afrique. Unité économique, unité politique. Africa must unite, clamait le grand musicien Bob Marley. Unie, l’Afrique pourra alors rivaliser avec les autres continents que sont les USA-Canada, la Chine, le Brésil, la Russie, l’Union Européenne, l’Inde, l’Australie-Nouvelle Zélande, le Golfe Arabo-Persique. Et c’est cette Afrique là, unie politiquement et économiquement, qui permettra le plein épanouissement de nos peuples, réalisant au centuple les objectifs du millénaire. Ainsi sera réalisé le grand rêve d’Osagyefo Nkwame Nkrumah, Patrice-Emery Lumumba, Ruben Um Nyobe, Félix Roland Moumie, Modibo Keita, Gamal Abdel Nasser, Cheik Anta Diop, Amilcar Cabral etc. afin que l’Afrique rayonne de mille lumières.