Apr 27, 2011

A propos de la marche paysanne du 13 mai 2011 à Yaoundé


Par Théophile Nono


Pour la troisième fois en l’espace de cinq ans, l’ACDIC appelle à une manifestation centrée sur les problèmes saillants de l’agriculture camerounaise. Compte tenu du contexte bizarroïde de ce pays, caractérisé par l’extrême faiblesse (léthargie légendaire des camerounais?) des luttes ou mouvements revendicatifs, qu’ils soient simplement citoyens, syndicaux ou même politiques, c’est quelque chose qu’il faut saluer et encourager. Combien de structures associatives s’engagent, en effet, dans une telle démarche protestataire, revendicative ou dénonciatrice ? Elle a le mérite de sortir des sentiers battus de la « lutte verbale » dans laquelle les camerounais excelle et qui confine au bureaucratisme bien-pensant. Je souscris donc tout à fait au principe des manifs’ paysannes où il est question de mettre en mouvement ce pan de notre population. Dans ce genre d’évènement, les masses paysannes montrent que non seulement elles sont conscientes de la situation peu enviable qui est la leur, mais encore et surtout qu’elles veulent être partie prenante de l’évolution de leur propre sort.


Il y a cependant plein de choses à redire sur la démarche de cette manif’ paysanne telle que envisagée par l’ACDIC de Bernard NJONGA. Elles suscitent plein d’inquiétude à mon niveau. Dans le cadre de cette réaction, je me limiterai à 2 choses qui clochent.


J’ai sous les yeux l’ « Appel à contribution et à participation » émis par l’ACDIC et publié par La voix du paysan dans son dernier numéro daté de mars 2001. Je n’y trouve aucune allusion quelconque à l’endroit des O.P. (organisations paysannes), des syndicats paysans et autres structures paysannes. C’est « anormal ». Pourtant, on peut penser que pour une manifestation paysanne de cet ordre là, c’est tout à fait logiquement qu’on s’attendrait à voir, aux avant-postes, des organisations paysannes menant la manifestation aux côtés de l’ACDIC qui n’est qu’une association citoyenne. La question de savoir pourquoi « l’appel à contribution et à participation » ne cible que des individus et fait abstraction des structures théoriquement organisées se pose donc. N’y a t-il pas là volonté - consciente ou non - de « caporaliser » en quelque sorte les paysans sous la bannière de l’ACDIC ?


L’inquiétude précédente pose fondamentalement en fait le problème de l’existence d’un mouvement paysan réel. Pour avoir participé plus ou moins activement aux deux premières manifestations initiées par l’ACDIC, en 2006 et 2008, je ne saurais aujourd’hui ne pas évoquer le principe basique – mis complètement sous le boisseau aujourd’hui par Bernard NJONGA – selon lequel la résolution des maux criards de notre agriculture ne sauraient guère aboutir au mieux sans être portée par un mouvement paysan actif et fort aux quatre coins du pays, sans être animé par des dizaines de milliers de paysans engagés à s’organiser et à lutter bec et ongles pour défendre leurs droits. Ce type de discours n’est vraiment pas celui que tiennent Bernard NJONGA et l’ACDIC. En cela je ne suis guère enclin à manifester sous la bannière de l’ACDIC le 13 mai prochain.

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