Mar 30, 2011

Burkina Faso : Non à la répression de Blaise Compaoré contre le peuple « des hommes intègres » - Compaoré dégage !

15 mars 2011 - Communiqué de presse du Groupe de travail Afrique du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA)
A l’instar des Tunisiens et des Égyptiens qui ont bouté hors de leur pays les dictateurs Ben Ali et Moubarak, les peuples de l’Afrique sub-saharienne ne sont pas en reste et doivent être soutenus. Le peuple du Burkina Faso « La patrie des hommes intègres » (nom donné en 1984 par le révolutionnaire Thomas Sankara) se bat depuis plusieurs semaines contre le régime qui, depuis 1987, empêche le Burkina Faso de vivre dans la liberté et la dignité. Ce régime, c’est celui de Blaise Compaoré qui vient de remporter les élections présidentielles de novembre 2010 à plus de 80,15%.
Impliqué dans le meurtre de Thomas Sankara, fauchant l’espoir de tout un continent porté par ce digne fils de l’Afrique qui osa dire non à l’impérialisme, le régime de Blaise Compaoré est aussi responsable de la mort en décembre 1998 du journaliste Norbert Zongo, restée impunie à ce jour et dénoncée tous les ans par les Burkinabais. Beaucoup d’autres fils et filles du pays des hommes intègres, ont payé de leur vie la résistance contre ce régime inique dont les seuls faits d’armes restent la déstabilisation de la sous région notamment le Liberia et la Côte d’Ivoire. Malgré tout, Blaise Compaoré a réussi à se tailler un costume de médiateur en Afrique. Avec le soutien de pays comme la France, le bon élève de la Françafrique et du FMI pensait pouvoir tenir jusqu’à la prochaine mascarade électorale.
A la suite de la mort par torture du jeune Justin Zongo le 20 février 2011, des manifestations violentes le lendemain à Koudougou vont faire deux nouveaux morts tandis que le régime tente de camoufler le meurtre de Justin Zongo , déclaré mort de la méningite. Les manifestations se multiplient et la seule réponse de ce régime inique est la répression qui fait de nouveaux deux morts, portant à six le nombre de jeunes burkinabais tués pour avoir réclamé la justice. Depuis lors, tous les jours, les Burkinabais sont dans la rue tandis que Blaise Compaoré continue de réprimer son peuple qui ne demande pourtant qu’une seule chose : que la justice soit faite. La manifestation du vendredi 11 mars, organisée par l’ANEB ( Association Nationale des Étudiants du Burkina - Ouagadougou) a été à son tour sévèrement réprimée, faisant plusieurs blessés. Le régime a depuis fermé tous les établissements d’enseignement jusqu’à nouvel ordre tandis que militaires et gendarmes sillonnent la capitale. Il semble par ailleurs, qu’un militant de l’Union pour la renaissance/Parti Sankariste (UNIR/PS), ait été interpellé par la gendarmerie à Kaya le 11 mars 2011. Le NPA , en cette période de lutte contre les dictatures, la corruption et l’injustice :

-- Exprime sa solidarité avec les camarades arrêtés ;
-- Dénonce le comportement des autorités burkinabées, habituées du harcèlement des forces d’opposition ; 
-- Soutient la jeunesse du Burkina dans sa lutte contre l’injustice ; 
-- Appelle la jeunesse, les partis démocratiques, le mouvement social en Afrique et ailleurs dans le monde à continuer à se mobiliser pour que toute la lumière soit faite sur -l’assassinat de Norbert Zongo et du jeune Justin Zongo ; 
-- Appelle à la justice pour Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987 lors du coup d’État qui porta Blaise Compaoré au pouvoir.

Mar 29, 2011

Naissance du « Collectif Mémoire 60 » pour honorer la mémoire des martyrs de la lutte pour l’indépendance

La lutte indépendantiste de l’Union des populations du Cameroun est un des plus hauts faits d’arme du patrimoine historique du Kamerun. Les Kamerunais ne se seraient certainement pas affranchis de la domination directe de l’occident prédateur si les nationalistes héroïques des années 50/60 n'avaient, par milliers, sacrifié leur vie.

Perpétuer le souvenir glorieux des acteurs de cette époque (1955-1974) est le devoir que le « Collectif Mémoire 60 » s’engage à accomplir pour leur rendre hommage et proclamer que leurs souffrances n'ont pas été vaines.

L’association se donne pour but de dévoiler aux Kamerunais les pans cachés de leur histoire, et pour objectif de promouvoir le devoir de mémoire envers les nationalistes révolutionnaires qui ont donné leur sang et leur vie pour que le Kamerun accède à une véritable indépendance, en lieu et place de la mascarade actuelle.

Le « Collectif Mémoire 60 » annonce les actions ci-après pour accomplir son but et son objectif :

- l’organisation  et l’animation, sous diverses formes, de journées commémoratives ;
- la diffusion de masse de documents écrits, sonores ou vidéos sur l’histoire de la résistance nationaliste camerounaise ;
- la diffusion de masse de documents historiques (brochures, livres, CD) portant sur la lutte nationaliste ;
- le recueil de témoignages de toutes sortes sur cette période (audio, vidéo, etc.) ;
- la publication de témoignages et d’archives ;
- la production, reproduction, conception et édition de brochures écrites ;
- la  recherche, collection, reproduction et diffusion de documents photographiques sur les héros connus et inconnus de la lutte héroïque pour l’indépendance nationale ;
- la recherche, la collecte et la diffusion médiatique des chansons patriotiques en langues nationales et leur transcription et diffusion en français ;
- la recherche de documents d’archives ;
- le sponsoring de travaux de recherches historiques (mémoires, thèses, articles) sur le nationalisme révolutionnaire camerounais ;
- l’organisation de groupes de travail sur la lutte nationaliste dans les établissements scolaires aux fins de transmission aux jeunes générations.

Pour davantage d’information, écrire à l’adresse suivante : elioteph@yahoo.fr

Arbitrary Arrest and Continued Detention of Kingsley Ashu is Political and Unacceptable

CAMEROON CENTER FOR DEMOCRACY AND HUMAN RIGHTS (CCDHR)

Press Release: (March 28, 2011)

The Cameroon Center for Democracy and Human Rights (CCDHR) is calling for the immediate and unconditional release of Kingsley Ndip Ashu, arrested on February 23, 2011 in the city of Kumba, South West Region of the Republic of Cameroon. Kingsley, a young civil society activist and former University of Buea student leader has been languishing in the Kumba central prison without bail for more than a month on the bogus charge of misinforming officers of law and order about his place of birth and possession of falsified documents.
Motivated by successful peaceful demonstrations in Tunisia and Egypt, some political leaders and civil society groups had called on Cameroonians to go to the street on February 23, 2011 to demand freedom, democracy, respect for human rights, free and fair elections, and for the resignation of Paul Biya who has been in power for 29 years. On the said day, Kingsley stood in front of a popular news stand in Kumba where he engaged in discussions with other denizens of Kumba on the Tunisian and Egyptian uprisings, and the possibility of it happening in Cameroon. This gathering drew increasing number of people, and the police which was already on high alert because of the planned demonstration got involved, and arrested Kingsley for inciting public disorder and insulting the Head of State, Paul Biya.
Upon discovering later that Kingsley’s birth certificate and national identification card carry difference places of birth, Buea and Eyumojock respectively, the Government shamefully dropped the original charge of inciting public disorder and insulting Paul Biya for which Kingsley was originally arrested. He has now been charged with misleading uniform officers with falsify documents and has been held without bail for more than a month. It must be noted that the documents in question (birth certificate and identification card) are officially issued government documents, and while the places of birth on both documents are contradictory, none of these documents is forged. In addition, Kingsley has argued that the error on his identification card had been made by the issuing authority not him, and that steps were already being taken to correct that error. Meanwhile, the incongruousness of the offence in question and the treatment Kingsley is being subjected to supports the suggestion of a politically endorsed action against Kingsley Ashu rather than the mere application of the law.
It must be recalled that under the leadership of the University of Buea Student Union, the students of the University of Buea in November 2006 took to the streets in opposition to the corrupt educational practices by the Minister of Higher Education in connivance with the University of Buea authorities. The demonstrations followed impropriety in the selection process into the School of Medicine at the University of Buea and was sparked by the imposition of a list of 153 candidates selected for interview as part of the admission process into the School of Medicine. The list of 153 candidates, which was signed by the Minister of Higher Education, was inconsistent with the list of 127 successful certified examinees previously signed and published by the Vice Chancellor of the University of Buea. The Minister’s list was inflated with 26 new names most of whom had not even sat for the entrance exam into the School of Medicine at the University of Buea. Among the leaders of this vigorous stand against the Government of Cameroon was Kingsley Ndip Ashu, the then Vice-President in charge of Economic Affairs of the University of Buea Student Union.
Kingsley is being held against his will by the Government of Cameroon for political reasons rather than the spurious claim of misinforming uniform officers about his place of birth. His arrest, denial of bail, and continued detention appears to be an act of retaliation against this young and bright Cameroonian, who along with his brave colleagues of the University of Buea Student Union, exposed the corrupt practices of the Government of Cameroon in its fraudulent meddling with university admissions. CCDHR is very concerned about the physical and mental status of Kingsley Ashu. His arrest and detention is in violation of Section 30 (4) of the Criminal Procedure Code which states that:
 “No bodily or psychological harm shall be caused to the person arrested”.
Since his arrest on February 23, 2011, the administration continues to play with time by continuously adjourning his arraignment before a court of law, thereby subjecting him to various forms of psychological torments in an effort to break his will and force him to refrain from ever again engaging in criticism against the Government of Cameroon.
In addition, the detention of Kingsley Ashu under deplorable prison conditions continues to be in violation of Section 37 of the Criminal Procedure Code which states that:
"Any person arrested shall be given reasonable facilities in particular to be in contact with his family, obtain legal advice, make arrangements for his defence, consult a doctor and receive medical treatment and take necessary steps to obtain his release on bail".
Since his arrest, Kingsley has not been afforded access to medical care even though he has sustained injuries from being assaulted in prison, and the defence motion to get his release on bail has not been entertained because of a deliberate delaying tactic by the regime in Cameroon as they plot strategies to victimize and make a scapegoat of this young Cameroonian for no justified reason. CCDHR would like to express its legitimate fears that because of the political nature of this case, Kingsley’s chances of a fair trail before the Cameroonian judiciary are slim to nothing. In Cameroon, the President appoints all prosecutors, judges, and other officers of the judiciary. He equally guarantees the independence of the judiciary, and as we have seen in Cameroon, this means that the government is given a free ride to trample on the rights of its citizens as judicial recourse in situations of human rights violations is almost always nonexistent.
CCDHR is requisitioning the Government of Cameroon to immediately and unconditionally release Kingsley Ndip Ashu and other political prisoners across Cameroon for the sake of respect for human rights. The Government of Cameroon needs to be conscious of its obligation towards its people, and respect their rights to hold opinion and freely express their opinion without fear of reprisal. The action of Kingsley Ashu on the day of February 23, 2011 falls squarely within the ambits of constitutionally guaranteed and internationally recognized human rights. The Government of Cameroon must respect the laws of the country and adhere to international standards guaranteeing the rights to freedom of expression. Ambushing people who hold opinions different from that of the regime is a tendency only favored by dictators because they have no facts to proof their allegations except through force and judicial fraud. CCDHR is also calling on Cameroonians across the world and sympathizers of victims of human rights violations in Cameroon to give the case of Kingsley Ashu the widest publicity so as to pressure the Government of Cameroon to release him and refrain from persecuting Kingsley or any others in the future barely because they express themselves.

Mar 28, 2011

Editorial : le sens d’une revue électronique

Par Guillaume-Henri Ngnepi

Pour quiconque se satisfait de lieux communs, il faut un peu partout, en Afrique, une alternance politique.

Mais pour l’observateur exigeant, et bien plus encore pour le menu peuple, il faut, audelà du seul changement de personnel politique, au-delà du seul changement d’hommes, une véritable alternative, de vrais changements de fond au plan structurel, institutionnel.

Dans la décennie à venir, tout ou presque étant voué à changer ou à disparaître, ce n’est pas le pouvoir dominant en exercice qui pourvoira à ces changements dont les exigences sont incompatibles avec sa crispation sur la défense des privilèges d’une poignée d’oligarques nationaux soutenus de l’extérieur.

Il faut donc songer à lui substituer d’autres forces dont la construction est à poursuivre, patiemment. C’est nécessaire : l’ordre existant n’est pas le seul possible ; il nous conditionne assurément, nous n’en faisons pas moins de notre mieux pour conserver notre capacité de formuler des aspirations, des intérêts et des exigences incompatibles avec lui. Ce qui montre bien qu’une société se maintient d’en haut, et ne se défait et se transforme que d’en bas, du fait de l’action organisée de ses laissés pour compte, et dieu sait qu’ils sont nombreux, parmi les jeunes surtout, éjectés des écoles, collèges, lycées et universités, sans perspective aucune en matière d’emploi et de survie.

Le changement donc procèdera de l’essor de nos luttes diverses, fonction de leur compatibilité avec les intérêts et les aspirations du grand nombre qui se trouve être constitué des masses populaires certes ; mais la justesse de nos analyses aussi contribuera à ce changement.

Aussi la tâche de l’heure est-elle d’élaborer le possible. En continuant de le penser, d’en former le concept qui, bien qu’abstrait, n’éloigne pas du réel, ne nous en coupe pas, mais nous en rapproche au contraire en unifiant la diversité des perceptions différenciées de nos sens.

Et quel meilleur gage de cette pensée du possible que de partir de ce que l’avenir n’est pas une page blanche, ni pourtant l’histoire pratique un destin.

Nous ne voyons sans doute pas le même monde, il nous faut cependant en édifier un qui nous soit commun. Et pas autrement qu’en le pensant d’abord. Le concevoir dans nos têtes pour ne pas avoir à l’édifier par tâtonnements, par essais et erreurs, au prix d’un immense gâchis en temps, en énergie, et peut-être aussi en hommes, et en tout cas, certainement en argent.

Pour ainsi penser ensemble nos problèmes, quoi de mieux que nous y employer à travers un organe d’expression, et pas n’importe lequel : non pas un quotidien qui colle à l’événementiel, et court le risque en demeurant à ras de sol de borner par trop notre horizon ; mais un bimestriel théorique qui ambitionne, sans prétention, de dégager du fatras des événements quelques lignes de force à partir desquelles ils deviennent non seulement intelligibles, mais surtout utiles à notre action de transformation révolutionnaire du monde ?

Certains lettrés auxquels l’on doit d’ailleurs certaines impasses et certains drames du mouvement social populaire usent de la pensée pour occulter, voire travestir le réel.

Quant à nous, nous entendons en faire quelque chose qui nous dote de la largeur de vue indispensable à l’action. Quelque chose qui serve à mieux cerner l’objet de cette action, la fonction, le rôle de chaque protagoniste. Au vrai, pour nous autres, le principal n’est pas de vivre comme certains s’en persuadent, reprenant d’ailleurs en cela un lieu commun en usage autour d’eux ; mais l’essentiel est de se donner une raison de vivre, de savoir comment vivre, avec qui, contre qui, pourquoi et pour quoi en deux mots.

Qui ne voit que pour ainsi s’élever audessus de l’existence purement végétative, sans relief, et avoir souci des valeurs autant que de l’irruption des masses populaires sur la scène de l’histoire pratique, il n’est pas seulement besoin de penser : il nous faut, de toute nécessité, penser par nous-mêmes car, même vraie une pensée venue des autres ne peut l’être pour nous que repensée par nous -mêmes.

Les objectifs du Millénaire pour le développement et l’environnement économique des pays africains

Par Abanda Kpama Pierre

Adoptés en septembre 2000 par 191 Etats membres de l’ONU, les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), étaient censés organiser la solidarité de la « communauté internationale » autour des pays dits en développement encore appelés « pays pauvres », pour permettre à ces derniers d’atteindre, avant 2015, les huit objectifs suivants :
  1. Entre 2000 et 2015, réduire de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à 1 dollar par jour et la proportion de la population qui souffre de la faim.
  2. Assurer l’éducation primaire pour tous à l’horizon 2015
  3. Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire.
  4. Réduire de deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, entre 1990 et 2015.
  5. Réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle entre 1990 et 2015
  6. D’ici à 2015, stopper la propagation du VIH/sida et commencer à inverser la tendance ; maîtriser le paludisme et d’autres grandes maladies, et commencer à inverser la tendance.
  7. Intégrer les principes du développement durable dans les politiques nationales ; inverser la tendance à la déperdition des ressources environnementales.
  8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

Cinq ans après le lancement de l’initiative OMD, le bilan montra clairement l’impossibilité d’atteindre les objectifs fixés, notamment pour les pays africains. Nous sommes dix ans après, le constat est sans appel : en dehors de la réduction du taux de propagation du VIH SIDA, aucun des sept autres objectifs fixés en 2000 ne sera atteint en 2015. Que s’est-il donc passé ? Les idéologues néolibéraux et leurs admirateurs disséminés dans nos contrées tropicales répètent à qui veut les écouter que la crise économique mondiale a empêché la réalisation des OMD. Il reste à nous expliquer pourquoi la même crise n’a empêché ni la Chine, ni le Vietnam, ni l’Inde, ni le Brésil, ni le Venezuela, sans parler de Cuba qui avait déjà atteint les objectifs du millénaire avant 2000, de sortir de la pauvreté et de construire des Etats et des économies viables, solides et en progrès.

Les causes de l’échec

En réalité, les OMD étaient plombés dès le départ. Les économies des pays dits pauvres sont insérées dans le système capitaliste mondial, non pas en tant qu’économies partenaires, mais plutôt comme économies de sous-traitance. Le rôle qui est assigné aux pays dits pauvres est celui de pourvoyeurs de matières premières bon marché, de main d’œuvre « gratuites »aux fins d’alimenter les industries occidentales et notamment les multinationales et de les rendre compétitives. Toute acquisition et maîtrise de technologie, toute industrialisation d’un pays dit pauvre est fortement combattue par l’Occident capitaliste. Un pays capitaliste qui partagea avec l’Angleterre le rang de première puissance économique au 19e siècle, a même réussi l’exploit de faire adopter sa monnaie par 14 Etats africains, dépouillant ainsi ces derniers de leur souveraineté monétaire. Des économies aussi fragiles qui ne génèrent que faible croissance, alimentent plutôt la pauvreté et le non-développement. Penser que de tels pays puissent promouvoir le bien-être de leurs populations était donc un leurre. A moins d’imaginer que « l’aide internationale » ou encore « la communauté internationale », concepts creux qui traduisent la duplicité et l’hypocrisie occidentales, sont à même de financer le développement économique de nos pays. L’Histoire malheureusement ne donne pas d’exemple de pays qui se soit développé économiquement grâce à l’aide de « la communauté internationale ». Tous les pays qui se sont développés en dehors des Etats coloniaux qui ont pillé les richesses des pays dominés, ont suivi une voie endogène, s’appuyant sur leurs ressources matérielles et humaines intérieures d’abord.

L’on comprend pourquoi la démarche qui a consisté à aligner les OMD sur la solidarité internationale était saugrenue. L’impulsion aurait dû venir des Etats eux-mêmes. Or, crise ou pas crise, le constat que l’on peut faire sur l’état des économies des pays africains est accablant. La quasi-totalité des pays africains ont régressé. A quelques exceptions près, l’accès à l’eau potable, à l’électricité, aux soins de santé et à l’éducation concerne une minorité de la population. La majorité se débat dans l’extrême précarité et ce n’est pas un hasard si l’espérance de vie dépasse à peine les 50 ans alors qu’il atteint 70 ans dans le reste du monde. Un petit pays comme Cuba réussit à faire vivre ses citoyens plus de 70 ans, instruit 100% de ses jeunes citoyens, offre de l’eau potable, de l’électricité et des soins de santé qui sont d’ailleurs gratuits à 100% de ses citoyens ! A contrario, si l’on prend l’exemple d’un pays comme le Kamerun qui est doté d’immenses richesses naturelles, il est classé à la 171e place sur 183 sur l’échelle IDH (indice de développement humain classement 2009) ; l’eau potable et l’électricité n’y sont accessibles qu’à la moitié de la population, l’espérance de vie est de 51 ans, les soins de santé sont payants, et donc inaccessibles à la majorité de la population, on compte 1 médecin pour 20 mille habitants.

L’échec des OMD était prévisible. On s’est attaqué aux conséquences et non à la cause du problème. Or de quoi s’agit-il ? Nos pays sont enserrés dans la mondialisation néolibérale et n’ont donc que très peu de marge de manœuvre. Les grands pays capitalistes : USA et Union Européenne et notamment la France, utilisent les bras armés que se sont la Banque Mondiale, le FMI, l’OTAN et la CPI pour bloquer toute tentative d’émancipation des pays dits pauvres. Dette, plans d’ajustement structurels (PAS), facilités d’ajustement structurels renforcés (FASR), accords de libres échanges, immigration choisie, tout est inventé et mis en œuvre pour dominer nos pays et les maintenir dans le sous-développement économique et social. Certains pays capitalistes occidentaux comme la France et les USA vont jusqu’à fomenter des coups d’Etat, des guerres et des assassinats de leaders politiques indociles pour placer à la tête de nos Etats des mercenaires à la solde de l’Occident. Ce fut le cas au Congo-Kinshasa avec l’assassinat du grand dirigeant panafricaniste Patrice-Emery Lumumba le 17 janvier 1961 par les Américano-belges via la CIA et l’installation du dictateur sanguinaire Joseph-Désiré Mobutu. Ce fut encore le cas en 1958 et en 1960 au Kamerun avec les assassinats de Ruben Um Nyobe et de Félix Roland Moumie par l’armée et les espions français et l’installation du dictateur sanguinaire Ahmadou Ahidjo. Ce fut encore et toujours le cas au Gabon, en RCA, au Tchad, au Congo-Brazzaville avec le débarquement et le soutien de l’armée française pour imposer à la tête de nos Etats des dictateurs fantoches, totalement acquis aux intérêts de l’Occident.

Embrigadement économique, coercition politique se conjuguent pour étouffer toute tentative d’émancipation de nos Etats. Dans un tel contexte, l’initiative qui a donné naissance aux OMD ne doit être comprise que comme une énième tromperie de la « communauté internationale » à l’endroit des pays et peuples dits pauvres. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler que des esprits nobles, ont, bien avant l’an 2000, proposé que chaque pays industrialisé dont la richesse actuelle est le fruit de l’exploitation des richesses et des peuples de pays tiers, que chaque pays industrialisé donc, consacre 1% de son PNB (produit national brut), d’autres disant PIB, pour l’aide au développement des pays « en voie de développement ». Aucun pays industriel n’a approché ce chiffre de 1%. La France qui est l’un des pays qui exploite le plus de l’Afrique a atteint 0,7% ! Ni les USA qui ont bénéficié de 400 ans de travail gratuit des Africains emmenés comme esclaves en Amérique, ni la Grande-Bretagne, grand pays colonial du 19e et 20e siècle, ni l’Allemagne Fédérale, première puissance économique européenne, ni le Canada, ni le Japon, ni les pays scandinaves n’ont pu affecter 1% de leur richesse aux autres peuples de la planète terre pour soulager leurs misères. L’aide au développement est un bluff et aucun pays africain ne sortira du sous développement en comptant sur cette aide. Les objectifs du millénaire ont échoué. Ils ne seront atteints dans aucun domaine. Reste donc à en faire le deuil et à penser à une autre solution.

Indépendance politique, rupture économique et panafricanisme

Pour sortir de la nuit noire, les peuples africains n’ont qu’une et une seule issue : lutter pour conquérir leur véritable indépendance afin de se réapproprier leur destin. Les exemples ivoirien et tunisien doivent inspirer les autres peuples africains. Nous avons le choix entre baisser les bras et demeurer esclaves, ou lutter avec opiniâtreté pour conquérir notre liberté et notre souveraineté. Nous devons lutter sans relâche, avec une détermination sans faille pour conquérir le droit de disposer de nos richesses, de décider nous-mêmes de notre avenir, de choisir en toute liberté et transparence nos institutions et nos dirigeants, de parler nos langues si riches et si belles, de nous approprier notre culture qui traduit notre vision du monde. Nous devons lutter pour tuer le néocolonialisme dont la françafrique n’est qu’une forme hybride particulièrement nocive. Ce combat est difficile parce que nous le menons étant éparpillés et dispersés. C’est pour cette raison que sa finalité doit être l’unité de l’Afrique. Unité économique, unité politique. Africa must unite, clamait le grand musicien Bob Marley. Unie, l’Afrique pourra alors rivaliser avec les autres continents que sont les USA-Canada, la Chine, le Brésil, la Russie, l’Union Européenne, l’Inde, l’Australie-Nouvelle Zélande, le Golfe Arabo-Persique. Et c’est cette Afrique là, unie politiquement et économiquement, qui permettra le plein épanouissement de nos peuples, réalisant au centuple les objectifs du millénaire. Ainsi sera réalisé le grand rêve d’Osagyefo Nkwame Nkrumah, Patrice-Emery Lumumba, Ruben Um Nyobe, Félix Roland Moumie, Modibo Keita, Gamal Abdel Nasser, Cheik Anta Diop, Amilcar Cabral etc. afin que l’Afrique rayonne de mille lumières.