Mon billet pour Achille Mbembe

par Ghonda Nounga

Achille,

Tu as écrit beaucoup de choses sur la lutte du Peuple kamerunais, certaines très enlevées, et d’autres franchement calamiteuses. Cette inconstance dans ton jugement tient d'une chose essentielle, l’absence de lien entre tes idées et la pratique historique de tes compatriotes.

Le grand Nkrumah dit : « La pratique sans théorie est aveugle ; la théorie sans pratique est vide. »

Tes dernières sorties sur la lutte actuelle du Peuple kamerunais contre la dictature de M. Paul Biya sont franchement imbuvables. A quelles sources empoisonnées t’abreuves-tu d’informations et d’analyses sur le Kamerun de tes ancêtres ?

Devrons-nous désormais te mettre dans le même registre que les Suzanne Kala-Lobe, Messanga Nyamding, Fame Ndongo et autres imposteurs dont la pensée reproduit essentiellement, sous forme d'images mentales, les borborygmes de leurs estomacs ?

Je te souhaite davantage de modestie face à ceux qui, comme « l’opposition imbécile » (ce sont là tes mots vaniteux), confrontent quotidiennement leur pensée à la raboteuse pratique dans notre rude pays natal.

Imite tes devanciers de l’intellectualité authentiquement féconde dans notre pays : Osende Afana, Mongo Beti, Abel Eyinga, Eboussi Boulaga, Ambroise Kom, etc.

Prends également exemple sur tes cadets dans le travail de dissémination courageuse d’idées ouvertes au futur : Claude Abe, Matthias-Eric Owona Nguini, Alain Fogue, etc.

En vérité, en vérité : La pratique sans théorie est aveugle ; la théorie sans pratique est vide.

Fraternellement, et dans l’espoir de te revoir un de ces jours dans le Kamerun libéré.