Richard-Martin Ntondo |
Dans un pays où les élites, c’est-à-dire en terme plus prosaïque, les éclaireurs du peuple ont pour la plupart choisi la voie de la compromission et de la corruption ; Dans un pays où universitaires et intellectuels – du moins la plus grande partie d’entre eux – ont délibérément déserté l’Agora pour la cour de jupettes, les gargotes, les auberges à satrapes et autres salles de banquets ; Dans un pays où l’enseignement et l’éducation de la jeunesse sont manifestement laissés à vau-l’eau ; Dans une société où les repères moraux de bonification et d’excellence semblent être la risée du plus grand nombre, qui va donc convaincre le peuple camerounais que tout n’est pas perdu ?
Que faut-il donc pour faire véritablement rêver nos concitoyens d’une possibilité de perspectives meilleures pour notre cher et beau pays où dirigeants publics et ceux qui rêvent de le devenir ne semblent dogmatiquement sommeiller et naviguer que dans les pensées essentiellement prévaricatrices ? Comment réussir à ne pas leur faire croire aux cauchemardesques et ignominieux canulars que leur sert quotidiennement le parti au pouvoir ?
Qui donc peut encore faire rêver le peuple kamerunais? Qui peut donc – après tant de couardise, de cynisme, de trahisons et de pusillanimité de la part de certains hommes politiques et autres leaders associatifs – tout le moins depuis 1990 – peut lui faire croire en la possibilité toujours latente de construction d’un Kamerun démocratique en dehors de tout accident naturel et/ou biologique ? Qui donc peut encore le ramener à de meilleurs sentiments à l’égard de la politique et des politiciens ? A cet égard, le désintérêt, voire l’aversion de nos concitoyens pour les questions électorales et plus particulièrement envers Elecam d’une part, et les méthodes prédatrices utilisées par le RDPC et son président pour inverser cette tendance d’autre part sont suffisamment éloquents et révélateurs du malaise actuel.
Qui donc peut emmener les Kamerunais à croire encore au sens propre et réel des vocables ‘’démocratie’’ et ‘’alternance’’ ? Qui va donc l’emmener à ne plus sombrer dans la résignation, le défaitisme et le renoncement de ses droits civiques les plus élémentaires ? Et pourtant bien des signes et signaux provenant de certains mouvements associatifs et partis politiques sont là pour les en dissuader. Que diantre nos concitoyens s’obstinent-ils à demeurer dans l’obscurantisme aujoulatiste dans lequel s’évertuent à l’y confiner Biya, ses parrains et ses affidés !
Que de questionnements pour traduire l’espoir qui pourrait pourtant renaître de certains téméraires acteurs de la scène socio-politique nationale souvent qualifiés de « petits », pour peu que les préjugés cèdent le pas à la réflexion et à une analyse minutieuse et objective de leur corpus et ainsi que de leur gestion et de leurs actions ! Ne sera-t-il donc pas aisé de nommer à ce titre le MANIDEM (Mouvement Africain pour La Nouvelle Indépendance et la Démocratie) parmi ces « happy and tremendous few » ?
En effet, si la hardiesse et la témérité de ses militants n’est plus à démontrer, l’exercice quotidien de la pratique démocratique qui y a libre cours fait l’admiration de plus d’un observateur. L’urgence de penser n’y est point fiction ; la réflexion et le débat patriotique et démocratique y sont permanents. C’est bien cet esprit, couplé au sens républicain du strict respect de ses textes fondateurs (Statuts et Règlement Intérieur) et de leur saine interprétation qui permet à ce petit parti, issu de la légendaire mouvance upéciste, de surmonter la grave crise qu’il a traversée lors du météorique passage de Mr Banda Kani à sa tête.
Pendant et à l’issue de cette crise, les militants du Manidem constatent avec étonnement et amusement la réaction de l’opinion publique qui a manifestement du mal à comprendre et accepter que le Président d’un parti politique ne puisse pas disposer de pouvoirs dictatoriaux, pudiquement dénommés « discrétionnaires » lui conférant droit de vie ou de mort sur « ses militants ». Ils ne comprennent pas que l’opinion les méprend pour les militants du président ou, en d’autres termes, les sujets du chef, en lieu et place de ceux du Parti.
En fait l’opinion publique – bien évidemment avec certains media chargés de la véhiculer –, profondément formatée à l’aune de l’aujoulatisme et du despotisme ambiant, s’accommode mal de l’idée d’une association ou d’un parti politique non inhibée et enfouie dans la culture du monolithisme et du despotisme, dans le « culte du chef ». Elle s’accommode donc peu de l’esprit révolutionnaire, de la modernité idéologique et de l’émancipation politique qui animent ce parti avant-gardiste et qui seuls peuvent nous faire aboutir à la construction d’une société profondément métamorphosée dont elle rêvasse paradoxalement tant.
Cet esprit révolutionnaire, c’est également, au-delà de l’inspiration, le sens démocratique et de responsabilisation de chaque militant, de chaque citoyen, le fil d’Ariane qui sous-tend en filigrane toute l’institution Manidem.
C’est d’ailleurs dans ce sens que ce parti – contrairement au mimétisme despotique de rigueur – a surpris tout le landernau politique national en désignant comme candidat à l’élection présidentielle attendue en Octobre 2011, le camarade Anicet EKANE qui avait pourtant démissionné de la présidence du parti moins de deux ans plus tôt. Pendant que le camarade ABANDA KPAMA continue de sereinement diriger le Parti, Anicet EKANE fourbit – sous la bienveillante supervision du premier nommé – ses armes en préparation de la future campagne électorale. Quel crime de lèse-majesté dans ce NKUKUMALAND où le NKUKUMA de chacun des autres partis est monarchiquement et consubstantiellement le « candidat naturel » de son parti à toute élection présidentielle !!!
Une fois de plus, c’est l’opinion publique qui – viscéralement incrustée dans le pensum du parti unique – est interloquée et ne s’évertue plus seulement à vouloir comprendre les ressorts d’une telle « hérésie » ; mais encore s’époumone à fouiner les germes de dissensions à l’intérieur de ce parti. Elle tarde à comprendre que si au Manidem l’Homme demeure au centre des préoccupations fondamentales du Parti, ce dernier se refuse tout autant de faire de ses hommes et femmes l’objet de viles considérations politiciennes. Au Manidem, le débat idéologique et les options stratégiques et tactiques priment sur les egos et les éventuelles querelles de personnes somme toute inévitables dans tout regroupement humain ; n’en déplaise à certains observateurs. Il ne serait pas non superflu d’ajouter que les ressources humaines y sont multiples et diversifiées ; et comme dans un orchestre, chacun y dispose de sa partition à jouer.
Si le Manidem a consensuellement désigné Anicet EKANE et pas ABANDA KPAMA, pourquoi ne pas y déceler et lire également l’instinct de non-confiscation (l’anti-Pavlov) du pouvoir qui anime chaque militant et chaque cadre de ce Parti ? Le sens élevé du partage des responsabilités et de l’alternance que tous les Camerounais et Africains réclament à cor et à cri ? La démission d’Anicet EKANE de la présidence du Manidem en Novembre 2009 – sans quitter ce dernier – ne fut-elle pas une grande première en Afrique en matière d’alternance pacifique au sommet d’une institution politique ? Il ne serait pas non plus inutile de rappeler que le sens du dialogue citoyen et républicain excède aisément les murs internes du Manidem pour s’étendre sans fioritures dans ses relations avec les autres formations politiques tant patriotiques que progressistes. Dans les années 1990, le Manidem fut bien l’un des maîtres d’œuvre et principaux animateurs de la Coordination des partis de l’opposition. Aujourd’hui encore, il continue de s’inscrire dans la dynamique du rassemblement de l’opposition au régime/système néocolonial de Monsieur Biya. Sa participation à la création de la CFDP (Convergence des Forces Démocratiques et Progressistes) et de la NOC (Nouvelle Opposition Camerounaise) relève de cette obligation sienne.
En résumé, les exemples ci-dessus, et bien d’autres qui peuvent être puisés dans la vie et les activités de certains acteurs socio-politiques de la place démontrent à suffisance qu’au Cameroun l’espoir politique et ainsi que celui en une possible alternance démocratique pacifique est encore possible, pourvu que tous les citoyens acceptent de sortir du sommeil dogmatique du monolithisme despotique et de s’engager dans les associations et partis politiques dont la vie et les dirigeants préfigurent déjà cet avenir de débats citoyens, de dialogue et d’alternance politique pacifique souhaités de tous et de chacun.
Contre vents et marées, il existe encore heureusement sur la place publique des acteurs politiques, tel le MANIDEM, qui peuvent à la fois susciter, assurer et assumer le débat démocratique, la témérité patriotique et l’alternance pacifique dans notre société.
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