Une dizaine d’années avant d’être publiquement assassiné le
15 janvier 1971 à Bafoussam, Ernest OUANDIE, Héros national de la lutte pour
l’unification et l’indépendance du Kamerun, avait écrit une réflexion demeurée
vivante. Intitulée « Citoyens libres ou esclaves? », cette interpellation
rédigée au maquis en mars 1962, adressée à la conscience nationale, dénonçait
le gouvernement criminel d’Ahmadou Ahidjo. Elle résonne encore cinquante ans
après comme un appel vivant et terriblement actuel.
Hier comme aujourd’hui, le sang des Kamerunais coule en
raison de la mauvaise politique du gouvernement. La guerre de la France et de
ses complices anti-indépendantistes a cédé la place à l’insécurité, qui a causé
la mort d’une dizaine de jeunes filles en deux mois dans la seule ville de
Yaoundé. A Mbang-Rey, des Kamerunais sont agressés et emprisonnés parce qu’ils
défendent leurs terres que tente de spolier le lamido de Rey-Bouba,
représentant local du pouvoir. A Kon-Yambetta dans le Mbam, les militants du
Manidem sont pourchassés et même assassinés par des chefs de village protégés
par la gendarmerie et les autorités administratives locales parce que ces
braves kamerunais refusent de céder leurs terres à des spéculateurs fonciers. A
Foumban, des membres d’un carnaval ont été blessés par la garde
prétorienne au service du sultan des Bamoun, à la solde du pouvoir. Partout
dans nos commissariats de police, nos brigades de gendarmerie et nos palais de
justice, c’est la loi du plus fort qui règne et qui tue. Le plus fort, c’est
d’abord l’étranger qui spolie les terres cultivables comme c’est le cas dans le
Sud-Ouest. Le plus fort, c’est la multinationale qui, avec la complicité de
Kamerunais collabo, broient les employés et cadres nationaux qui refusent de
« baisser la culote » et se battent pour rester dignes dans leur
pays. C’est malheureusement aussi l’allié aux forces étrangères qui gouverne et
qui a vendu le pays aux enchères. L’eau, l’électricité, le pétrole, le bois, le
coton, le fer, le diamant, l’or, le cobalt, le gaz, les banques, etc.
l’essentiel de la richesse de notre pays est aux mains de l’étranger.
Nous ne sommes donc pas maîtres chez nous. Comme aurait dit
Ernest OUANDIE, nous sommes esclaves sur la terre de nos ancêtres.
La question qui nous est posée est donc simple : jusqu’à
quand allons-nous accepter de demeurer des esclaves volontaires comme le
gouvernement du Kamerun ?
Aujourd’hui comme hier, au moment où nous nous souvenons du
martyre d’Ernest OUANDIE que le gouvernement fait semblant de reconnaître alors
qu’il empêche l’expression démocratique en interdisant les manifestations et en
truquant massivement les élections, la question se pose à chacun de nous : que
puis-je faire pour que vive le Kamerun ?
En s’inscrivant sur les listes électorales, en s’engageant
dans un parti progressiste, dans une association de défense des droits de
l’Homme, en s’organisant avec son voisin ou son collègue pour obtenir
collectivement des meilleures conditions de vie, en refusant le tribalisme, en
rejetant toute forme de domination étrangère sur le Kamerun, chacun de nous
peut rendre hommage à Ernest OUANDIE, mort pour la patrie.
A chacun de nous de répondre donc, en ce moment important, à
la question : voulons-nous être des « citoyens libres ou des esclaves » dans
notre beau et cher Kamerun ? Peuple Kamerunais, veux-tu être libre ou
esclave ?
Douala, le 15 janvier 2013
Pour le Bureau Politique du Manidem
Charles NFORGANG
Secrétaire national
à la communication
Pierre ABANDA
KPAMA
Président National
du Manidem
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