Anicet Ekane |
Par Anicet
Ekane
Membre
du Bureau politique du Manidem
Il n'y a rien d'absolu dans la vie, même
pas la mort. Sinon, nous ne vibrerions pas à l'évocation du nom de Sankara.
Ils ont, sans aucun doute, éliminé
physiquement Sankara. Ils ont procédé par la même méthode, qu'ils utilisent
depuis la colonisation.
Tout d'abord, il faut repérer les têtes
qui débordent, c'est-à-dire celles des récalcitrants, celles qui ne veulent pas
rentrer dans les rangs, celles qui pensent qu'il est temps, qu'il est grand
temps, que l'Afrique soit libre.
Ensuite il faut faire couper ces têtes là
par les autres, les sages, les dociles, ceux avec lesquels, disent-ils, "On peut discuter" : Ahidjo, Houphouët-Boigny,
Mobutu, Compaoré, etc.
Et enfin, il faut abrutir, il faut
saouler les Africains avec la musique du néocolonialisme, du néolibéralisme, la
bonne musique, bien sur, celle qui prône :
- la ré-colonisation économique de notre continent par les capitalistes occidentaux et par le bien de la magie de la privatisation de nos économies, avec en prime l'ouverture des marchés et frontières, la libre circulation des capitaux et la déréglementation. Tout cela pour des économies qu'ils auront au préalable fragilisées ;
- la spécialisation économique de l'Afrique à qui ils assignent le rôle de pourvoyeur de matières premières et main d'œuvre bon marché ;
- la mise en place du carcan néolibéral Fmi - Banque Mondiale, qui, aujourd'hui, ne trouve guère plus de fervents supporters, tant les dégâts qu'il a occasionnés sont abominables.
Par contre, Sankara jouait une tout autre
musique. Celle de l'autodétermination des Africains. Cette musique là, qui
donnait le change à celle des maîtres de l'occident et des élites bourgeoises
au caractère rançonneur, corrompu et anti patriotique avéré, cette musique
devait absolument être arrêtée.
Alors ils ont décidé de supprimer le
joueur de tam-tam : Thomas Sankara.
La messe était dite ! Ont-ils pensé.
C'était oublier que la mélodie de cette
musique là, celle du joueur de tam-tam, Sankara, allait continuer à trottiner
dans les têtes des Africains. Et comme il fallait s'y attendre, et au grand dam
des bourreaux, d'autres joueurs de tam-tam comme Sankara, et avant lui, comme
Um Nyobè, Lumumba, Moumié, Ouandié, etc., allaient naître de l'Afrique
profonde.
Et nous sommes là. Nous sommes bien là,
camarade Sankara. Les nouveaux joueurs de tam-tam, décidés à jouer la même
musique que la tienne. Une musique améliorée. Persuadés, bien sûr,
que ta musique, notre musique, va encore gagner du terrain.
Et comme par enchantement, leur tam-tam,
celui du capitalisme triomphant et qui prétend assurer le bonheur de
l'Humanité, ce tam-tam là vient d'être troué par la crise financière mondiale.
Les Sawa disent : "O pudi ngando. O ma kusa ngando.Loko le nde
botea" c'est-à-dire : tu as voulu danser. Tu vas danser. Le bal ne
fait que commencer. Sankara, ton idée de l'Afrique, d'une autre Afrique maître
de son destin, avance résolument.
Et comme disait Victor Hugo : "Aucune armée n'est aussi puissante qu'une
idée dont l'heure est venue."
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