Par Ghonda Nounga
Deux hommes ont à abattre le plus gros baobab du village. Pourquoi faire ? La parabole ne nous le dit pas.
Les deux hommes ne disposent chacun que d’un petit couteau, empruntés tous les deux à des enfants qui pelaient de belles papayes bien juteuses non loin de l’arbre.
L’un des deux hommes, au vu de l’ampleur de l’œuvre à accomplir, rend à l’enfant son couteau, puis s’assied sur une souche où il donne l’impression de se perdre dans ses pensées.
L’autre, saisi comme de frénésie, empoigne prestement son couperet, pousse un puissant cri de guerre qui fait frémir les roseaux alentour, et se met à la tâche, traitant le premier homme de paresseux, de peureux et même de complice du baobab à l’infâmante réputation.
Sans mot dire, ce dernier se retire dans sa case d’où bientôt l’on entend des bruits de métal que l’on coupe et que l’on martèle. Quand il en ressort deux jours plus tard, il tient à la main une hache rutilante dont l’éclat aveugle le soleil.
Le deuxième homme, l’enthousiaste frénétique, s’en est allé depuis longtemps des alentours du baobab. Dépité et dégouté par l’ardeur de sa tâche, il s’en est allé boire son habituel matango au "tronc", où l’on papote d'habitude plus qu’on n’agit.
Le premier homme retrousse les manches de son boubou, se met au travail, et le baobab s’effondre dans le Grand Soir.
Comme l’écrit le grand poète Ada Bessomo : le temps qui passe est l'allié de celui qui sait quel travail il a à faire.
Ce à quoi il faut ajouter que l’empirisme est l’ennemi mortel de la lutte pour le changement véritable.
Great rreading your post
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