Guillaume-Henri Ngnépi
[Extrait de : Eléments de la problématique socio historique actuelle : contre la fascisation, dont vous trouverez d'autres extraits dans le No.003 de la Revue Alternative révolutionnaire.]
L'idée d'une bourgeoisie tropicale, non seulement faible face au capital colonial, néocolonial et international, mais aussi et surtout inutile et nocive au regard des tâches impérieuses de la libération et de la souveraineté des peuples dominés, date, dans le Tiers Monde, de penseurs révolutionnaires tel Frantz Fanon. Cette idée, chez cet auteur, relève d'un constat effectué, à dire vrai, dès avant 1960, peu auparavant. Qu'en est-il de la bourgeoisie africaine ou des bourgeoisies nationales africaines cinquante ans, et un peu davantage après les analyses de Frantz Fanon ? Celui-ci, en son temps, ne les crédite de nulle capacité de porter, à bout de bras, les exigences et les nécessités de la lutte anticoloniale d'émancipation, ni celles, par suite, de l'édification d'une nation souveraine dans un continent libéré et uni. A ce jour encore, nulle part la bourgeoisie africaine n'a fait mentir Fanon. On l'aura, certes, vue réussir bien à modifier sa propre place à l'échelle de l'appropriation des biens personnels de consommation ; mais point à celle, privée, des moyens de production : où sont, en effet, ses " capitaines d'industries "? Où, ses propres conceptions désorbitées de la sphère des idées dominantes alimentées de l'extérieur par le capital international ? A ces questions déjà répondait le constat d'échec de Fanon et l'exigence consécutive du saut de l'étape bourgeoise dans la lutte des peuples dominés, l'idée de fond étant qu'il n'y avait pas de révolution bourgeoise à réaliser, puisqu'aussi bien de bourgeoisie nationale non plus au plan économique, politique, militaire, diplomatique et même idéologique. En rigueur de terme, rien ne permet, aujourd'hui, de penser autrement.
Et pour cause. Les oligarchies politico idéologiques et militaro industrielles internationales ont toujours une économie chez-nous qui nous tient lieu d'économie nationale ; les paradigmes à travers le prisme desquels nous nous saisissons spontanément, nous viennent toujours d'elles, notre " ethnicité " posée comme essence distinctive, immuable, belligène, dont la malfaisance ne se pourrait atténuer qu'au prix de notre enfermement salvateur dans le giron de quelque " homme fort ", jouissant d' " un pouvoir fort ", exercé cependant à l'ombre des canons tutélaires des oligarchies financières internationales par trop prodigues en l'espèce. Toutes ces conceptions qui ont servi de socle ferme à la fascisation de nos Etats d'Afrique nous viennent des oligarchies financières internationales simplement relayées par la classe qui fait office de bourgeoisie.
Bonjour Guillaume,
ReplyDeleteje voudrais connaître vos critiques envers cette idée qui m'est venue depuis peu.
Je voudrais ouvrir un débat autour du mot "tribalisme2 et ce dans le sens contraire développé sur le site "www.cipcre.org". Je voudrais promotionner une organisation culturelle utilisant le moto "Tribalisme 2.0" pour m'appuyer sur les thèmes suivants: solidarité, origine, puissance, contre le capitalisme, coopérative, contre décadence, anti-fa, mixité des peuples.
Qu'en pensez-vous ? Je vous remercie de me contacter directement sur mon adresse mail daniel@jawala.de.
Mes respects.