Alexis Ndema Same
Président de l’UPC
Ouvriers et Paysans,
Travailleurs kamerunais, des villes et des villages, débrouillards et
chercheurs d’emplois,
L’UPC s’adresse à vous à l’occasion de la Journée Internationale du
Travail 2012.
Encore un mot sur la signification
du 1er Mai.
Le 1er Mai rappelle chaque année depuis 126 ans, que les travailleurs
se battent pour se faire respecter et valoriser leur activité, productrice de
biens et des services nécessaires à la société. Ces luttes ont permis d’obtenir
et de garantir quelques dispositions qui ne font plus du travailleur un esclave
à la merci de son employeur.
Ainsi, le travail des enfants mineurs a été interdit ; la durée
hebdomadaire de travail a été ramenée à 40 heures, parfois moins; les congés
payés, pour le travailleur, sont désormais un droit; la médecine du travail
s’est imposée, on peut distinguer les accidents de travail aussi bien que les
maladies professionnelles dont la responsabilité incombe à l’employeur ; la sécurité
et la santé en milieu professionnel sont une préoccupation réellement vécue ;
le droit au congé de maternité pour les femmes est garanti par la loi ; le
chômeur (travailleur sans emploi) reçoit de l’Etat, une aide qui lui permet de
survivre en attendant qu’il trouve un emploi, mieux, il est aidé dans cette
recherche de travail ; l’Etat fixe un salaire minimum à respecter par
l’employeur pour toutes les catégories d’emplois ; des conventions visant à
améliorer et à protéger les organisations et l’environnement du travail sont
signées et ratifiées par de nombreux Etats.
Au Kamerun malheureusement, nombre de ces dispositions sont
inexistantes ou seulement énoncées.
A titre d’exemples :
- Il y a bien un SMIG mais que peut bien faire une famille avec un revenu mensuel de 28 000 FCFA ?
- Que signifie le droit au travail lorsque 90% de la population active se « débrouille » dans l’informel ?
- Le contrat de travail écrit, une exigence élémentaire, reste un rêve pour de nombreux travailleurs !
- Où est la loi sur les Syndicats annoncée depuis 1990 ?
- La sécurité sociale ou ce qui en tient lieu n’est réelle que pour une minorité de travailleurs.
- etc…
Ce sont précisément toutes ces luttes qui sont célébrées le 1er Mai et
l’affirmation qu’elles se poursuivront jusqu’à la fin de l’exploitation du
travail salarié. C’est donc à la fois une journée de revendication et une fête
! La fête du travail. Elle doit être célébrée à juste titre par les
travailleurs, rien à voir avec la parade organisée devant les autorités et les
patrons.
La lutte paie !
Les travailleurs kamerunais prennent de plus en plus la mesure de leur
responsabilité, avec détermination et courage. Le journal « Les Luttes
populaires », initié par le Département Presse et Communication de l’UPC en
fait régulièrement l’écho, particulièrement depuis le début de l’année
2012. Voici quelques cas significatifs
relevés parmi une centaine de foyers de luttes engagées.
- Les temporaires du Chantier Naval et Industriel du Cameroun (CNIC) sont restés mobilisés depuis de nombreux mois, obligeant les autorités à les écouter, malgré des menaces et des intimidations. Une partie de leur revendication a été satisfaite. La trêve observée n’est qu’un prélude aux batailles futures.
- Les Ex-employés de la Cameroon Tee Estate qui campaient à la délégation régionale de l’emploi du Sud-Ouest depuis sept mois ont regagné leur domicile après une rencontre avec le gouvernement ; ils ont reçu un début de solution à leurs revendications.
- •Les enseignants de l’Université de Buea membres du Syndicat National des Enseignants du Supérieur (SYNES) sont entrés en grève pour exiger que les dirigeants de leur institution soient élus comme il est de coutume dans la tradition anglo-saxonne. Après une semaine de manifestation, les responsables syndicaux ont rencontré le gouvernement. Un compromis a été trouvé et les cours ont repris.
- En dépit des intimidations diverses, l’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs (ACDIC) reste en permanence éveillé pour informer, organiser le monde paysan et le conscientiser sur la défense de ses intérêts.
Ces luttes répétées, traduisent la volonté des kamerunais de ne plus se
laisser faire devant les injustices
criardes, devant l’écart qui s’approfondit entre les profits déclarés par les
chefs d’entreprises et les salaires toujours aussi bas des travailleurs ; entre
des sommes astronomiques détournées par des pontes du régime et la misère, l’appauvrissement, le non-emploi des
populations.
Ces luttes affirment que le fameux « on va faire comment » était une grossière campagne pour décourager
et détourner la vigilance des masses laborieuses.
Une fois de plus, la preuve est faite que la lutte paie. C’est aussi le message de la
fête du travail !
L’UPC salue le courage et soutient l’engagement des travailleurs en
lutte. Leur cause est juste et mérite de l’ensemble des kamerunais, soutien et
solidarité.
L’UPC appelle tous les travailleurs kamerunais à se joindre résolument
à ces luttes, à s’organiser davantage, à faire preuve de solidarité dans la
lutte. L’Ame Immortelle du Peuple Kamerunais est convaincue que c’est
l’exploitation de leur force de travail qui constitue la base d’enrichissement du
système qui domine notre pays et notre continent. Et que notre véritable
libération passe par la maîtrise de l’outil de production des biens et des
services.
L’UPC appelle à une solidarité, une coordination et une collaboration
agissante des travailleurs et des syndicats pour une réussite décuplée de leurs
revendications.
« Un autre Kamerun est possible, d’autres choix sont nécessaires »
Bonne fête du travail 2012.
Le Peuple kamerunais vaincra !
Douala, le 27 Avril 2012
No comments:
Post a Comment
Sous la rubrique “Select Profile”, cliquez sur “Name/URL”. Insérer votre nom, puis tapez votre message. Cliquez ensuite sur “POST COMMENT” pour envoyer votre commentaire.