Apr 11, 2013

Pour construire la démocratie, il faut en avoir la volonté politique

Djibril Karimu
Homme Politique 

Nous ne cessons de le rappeler aux journalistes : c’est bien le MANIDEM, lors d’une conférence de presse tenue le 28 novembre 2012 à son siège à Douala, qui a, le premier, révélé la tentative de coup d’Etat institutionnel que le RDPC et son chef préparaient contre le peuple du Kamerun. L’alerte avait été donnée par le Secrétaire Général du RDPC, Jean NKUETE, qui suppliait le Président de la République d’organiser en toute urgence les élections sénatoriales. Monsieur NKUETE servait en réalité de porte-parole. Le complot, bien ficelé, avait comme géniteur le Président BIYA. Avec plus de 9000 conseillers municipaux mal élus en 2007 sur 10600 et dont le mandat avait été prorogé pour 12 mois, le RDPC obtenait sans se fatiguer au moins 60 des 70 sièges de sénateurs mis en compétition. Une fois le sénat en place, M. BIYA pourrait désigner les 11 membres du Conseil Constitutionnel. Cette dernière institution, qui est censée réguler la vie institutionnelle de la République et qui proclame les résultats de tous les scrutins, est l’arbitre suprême du jeu politique de la Nation.

Le fait que M. BIYA ait décidé de s’assujettir et le SENAT et le CONSEIL CONSTITUTIONNEL, profitant du très mauvais Code Electoral qui a été voté par le RDPC en 2012, ce fait prouve le refus obstiné des gouvernants actuels et de leur chef pour la construction de la démocratie. C’est n’est pas un hasard. L’accouchement de l’idée de la démocratie s’est fait dans la douleur. Les adeptes de l’UNC devenu RDPC ne se sont convertis ni au pluralisme et à l’alternance politiques, ni à la séparation des pouvoirs, ni au jeu démocratique. Contraints et forcés par les évènements de 1990 – 1991, les partisans du monolithisme politique regroupés au sein du RDPC, ont vidé la démocratie de son contenu et, année après année, ont re-installé toutes les pratiques issues de l’ordonnance ahijoïste de 1962.

Toutes les libertés publiques sont soumises à l’autorisation du sous-préfet quand ce n’est pas à celle du chef de district. Et de fait, toutes les manifestations publiques à l’exception de celles folkloriques du RDPC, et du CERAC, sont interdites. Sous M. BIYA, toute expression publique divergente de la pensée unique est illégale. Les contrevenants peuvent être traduits devant le juge et condamnés à plusieurs mois d’emprisonnement ferme. Ceux qui osent des opinions critiques sur la marche des affaires du pays ne sont rien d’autre que des rebelles ou pire des opposants. Dans le vocabulaire politique des partisans du RDPC, opposant est synonyme de personne dangereuse dont la place se trouve normalement dans le bagne. Tant et si bien que la discrimination à l’égard des opposants fait désormais partie des mœurs en vigueur dans l’Administration kamerunaise. Tout agent public est considéré ou se considère comme militant du RDPC.

Tant que la situation économique et sociale n’était pas mauvaise, le régime autocratique pouvait expliquer que la contre partie du progrès économique et social était la « paix », c’est-à-dire l’absence de voix discordantes et rebelles. Mais depuis 20 ans, la situation économique et sociale s’est dégradée à un point tel que le Kamerun est devenu le royaume du chômage, du sous-emploi, de la corruption et ce malgré les discours pleins de fausses promesses des gouvernants. Le silence de la population est celui de la lassitude et de la peur de la répression. N’empêche, le régime autocratique considère que presque toute la population est composée de dissidents et donc est dangereuse pour la sécurité de l’Etat et surtout pour la sécurité du Prince régnant.

Ce qui a fini de convaincre notre population que la démocratie n’avait aucun avenir avec le régime autocratique du RDPC, c’est la récurrence des élections truquées et la trahison des élites intellectuelles.

Depuis l’avènement du multipartisme administratif en 1992, aucune élection n’a été transparente, et équitable. Par de multiples artifices de tricherie, le RDPC et son chef se sont octroyés toutes les victoires avec des scores avoisinants les 100% ! Et plus la tricherie était grossière, plus les élites recherchaient les faveurs du régime autocratique. Nous vivons donc un véritable divorce entre d’une part, les tenants du pouvoir autocratique et les intellectuels organiques et de l’autre, les populations kamerunaises en quête de démocratie et du bien-être social. Dans ces conditions, l’avènement de la démocratie sera l’aboutissement de luttes populaires opposants d’une part, les masses populaires et les classes moyennes qui étouffent sous le joug de la répression et de l’injustice et de l’autre, le clan au pouvoir et les élites corrompues et complices de la gestion autocratique qui ruine toute perspective de modernité politique, économique et sociale du Kamerun.
Douala, le 1er avril 2013 

1 comment:

  1. Et grâce à Paul Biya tout cela existe et est une réalité palpable au Cameroun et nous devons de remercier Dieu de nous avoir donné un tel président qui se souci du bien être total de son peuple ainsi que de son évolution positive.

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