Abanda Kpama |
Président National du MANIDEM
Le président Hugo Chavez a marqué d’une empreinte indélébile l’histoire du Venezuela et celle de l’Amérique Latine. Son œuvre a enthousiasmé les peuples déshérités et marginalisés aussi bien en Amérique Latine, au Moyen Orient qu’en Afrique.
1- Le contexte politique
L’effondrement, à partir de 1999, des pays du « socialisme réel » de l’Europe de l’Est marquait, d’après les historiens conservateurs et libéraux, la fin définitive de l’utopie socialiste. Les expériences qui avaient eu lieu au Chili sous Salvador Allende et au Nicaragua avec les Sandinistes pour faire adjoindre la démocratie au socialisme ; avaient rapidement été nettoyées par le sang et l’embargo économique avec le soutien actif des Etats-Unis d’Amérique.
Chavez arrive au pouvoir en 1999 dans une Amérique Latine qui tourne progressivement le dos à la dictature militaire. Mais personne, avant Chavez, n’avait obtenu une aussi incontestable légitimité démocratique. Entre 1999, date de son arrivée au pouvoir et le 7 octobre 2012, Hugo Chavez et son parti, le Parti révolutionnaire bolivarien, ont affronté 16 fois les élections et en ont gagné 15. Personne, ni même les Etats-Unis, n’ont jamais remis en cause la transparence des scrutins. Ses victoires, toujours nettes, lui ont donné une légitimité encore plus grande et plus forte. Jimmy Carter, ancien président des USA est même allé jusqu’à déclarer que « le système électoral vénézuélien était le meilleur au monde ». Chavez en a donc profité pour imposer des reformes profondes au système économique et social du Venezuela. A ce niveau déjà, on peut conclure, pour les révolutionnaires africains, que la légitimité est indispensable pour un dirigeant politique qui veut engager des changements profonds sans courir le risque de se faire accuser par les Occidentaux de dictateur, mais surtout pour avoir le soutien de la majorité des masses populaires qui constituent l’essentiel des populations de nos pays.
2- Situation économique comparée avant et après Chavez
Contrairement à ce qui a souvent été suggéré par les ennemis occidentaux de Chavez, la nationalisation du pétrole vénézuélien a été opérée en 1976 soit vingt deux ans avant l’arrivée de Chavez au pouvoir. C’est sous la présidence de Carlos André Perez que l’Etat vénézuélien prend le contrôle de la production, de la commercialisation, du raffinage, de la distribution et de l’exportation de toute l’industrie pétrolière. Est créée la PDVSA, « Petroleos de Venezuela S.A », société d’Etat en charge de la gestion de la manne pétrolière. Le président Perez, fort de la manne pétrolière qui a substantiellement augmenté grâce aux deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, promet de faire du Venezuela un paradis.
Malheureusement pour les Vénézuéliens, les revenus vont certes augmenter dans le secteur pétrolier, mais ces augmentations de revenus vont s’accompagner d’une forte demande en produits importés, l’industrie locale n’étant pas apte à répondre à la forte demande ; les secteurs traditionnels de l’économie vénézuélienne vont être délaissés : agriculture vivrière et agriculture d’exportation (café, cacao, coton, sucre,) qui représentaient 10% du PIB au début des années 1960 ne représentaient plus que 6% à la fin des années 1990. C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui.
La maladie du pétrole, que beaucoup d’Africains connaissent (Gabonais, Zaïrois, Congolais, Angolais, Nigérians et même Kamerunais), sévit au Venezuela dès 1976. L’économie du pays a pour seul facteur, le pétrole. L’Etat Vénézuélien investit dans les infrastructures de prestige, sans impact sur le développement économique du pays. Une caste de nouveaux riches se partagent l’essentiel de la manne pétrolière, les inégalités sociales se creusent. Le coup de massue est donné par la baisse des prix du baril à partir de 1983, les recettes diminuent, c’est la crise des finances publiques et les inévitables plans d’ajustement structurels.
C’est dans ce contexte là que Chavez tente en 1992 de prendre le pouvoir par la force. Il écopera de 2 ans de prison. En 1998, après avoir fondé le parti de la révolution bolivarienne et réfléchit murement aux changements à mettre en œuvre s’il est au pouvoir, Chavez se présente pour la première fois aux élections en 1998. Sa victoire marque le début d’une ère nouvelle.
3- Philosophie économique de Chavez
Quand Hugo Chavez arrive au pouvoir en 1998, il est parfaitement conscient des fabuleuses richesses que son pays possède. On citera entre autres : le pétrole (6% des réserves mondiales), le fer, la bauxite, l’or, le diamant, le charbon, le zinc, le manganèse, l’argent etc. Il sait aussi que la base économique et industrielle du pays est constituée à 90% du pétrole qui rapporte plus de 90% des devises du pays et contribue pour 50% au budget de l’Etat. La troisième chose qu’il sait c’est qu’il a été élu pour résoudre les nombreux problèmes sociaux que connaît le Venezuela. Le choix va donc être simple pour Chavez. Profitant de l’embellie sur les prix du pétrole, Chavez met d’abord l’accent sur la réduction drastique de la pauvreté sur la santé, sur l’éducation et sur l’alimentation. Sans une population en santé, bien nourrie, éduquée et ayant l’accès à l’eau potable, aux logements décents, aucun développement économique n’est possible. Chavez garde en tête l’objectif annoncé de sortir son pays du « tout pétrole » et de diversifier l’industrie. Pour se donner les moyens de son ambition, Chavez va promulguer trois décrets-lois :
3.1 La loi sur les hydrocarbures.
Bien que nationalisée depuis 1976, l’industrie pétrolière, par le biais de la PDVSA fonctionne comme un Etat « privé » dans l’Etat. Les investissements de la PDVSA n’épousent pas l’intérêt national mais plutôt celui de ses patrons successifs. La PDVSA tente à plusieurs reprises de sortir de l’OPEP dont le Venezuela est pourtant un des pays fondateurs. Chavez va donc s’assujettir la PDVSA et orienter son activité dans l’intérêt national vénézuélien. L’impôt sur les sociétés pétrolières augmente de 50% et le montant des royalties fixes versées à la PDVSA double. Ces mesures poussèrent les dirigeants de la PDVSA à organiser un lock-out dans le but de paralyser l’industrie pétrolière. Un an après la promulgation de la loi, les ennemis de Chavez, tapis dans la PDVSA, déclenchèrent en 2002, un coup de force pour renverser le Président de la République pourtant démocratiquement élu, en paralysant, 63 jours durant, l’industrie pétrolière. Soutenu par le Président américain Georges W. BUSH, le coup d’Etat échoua. Chavez put compter sur le soutien du Brésil. Sorti vainqueur de cette épreuve, le président Chavez put donner une orientation franchement socialiste à sa politique sociale et prioritairement latino-américaine à sa politique économique.
3.2 La loi des terres
Pour entreprendre la reforme agraire qui lui tenait tant à cœur dans la perspective de remettre l’agriculture au centre de la politique de développement, Chavez signa un décret-loi dénommé « la loi des terres ». Cette loi trace le cadre juridique de la reforme agraire. La reforme agraire a permis a des dizaines de milliers d’agriculteurs de posséder leurs terres. Plus de trois millions d’hectares de terres ont été distribués.
3.3 La loi de la pêche
Face à la puissance de la pêche industrielle, la loi de la pêche apporte la nécessaire protection à la pêche artisanale.
Par la nationalisation des secteurs stratégiques de l’économie, Chavez s’est donné les moyens de sa politique sociale. Ainsi la nationalisation des secteurs de l’énergie électrique et des télécommunications, a permis de rendre accessible aux citoyens, même les moins nantis, des services d’électricité et de télécommunications.
Grâce à la création de plus de 50.000 coopératives, dans tous les secteurs de l’économie, Chavez a rendu au peuple la souveraineté sur la production des biens et services. Aujourd’hui, le Venezuela produit 70% des aliments qu’il consomme. Ce taux était de 50% lorsque Chavez prenait le pouvoir. Même dans le domaine de la recherche scientifique et technique, le Venezuela a accompli de grandes avancées sous Chavez. Le Venezuela dispose en effet de ses propres satellites (Bolivar et Miranda). Le pays est donc souverain dans le domaine de la technologie spatiale. Internet et le téléphone fixe et mobile sont disponibles sur tout le territoire Vénézuélien.
En conclusion, le bilan de la politique économique de Chavez est plus qu’élogieux. En imprimant une orientation socialiste à sa politique économique, Chavez a apporté des réponses visibles, concrètes aux problèmes économiques et sociaux de l’immense majorité des Vénézuéliens.
Certes, l’économie Vénézuélienne dépend encore trop largement du pétrole. C’était le second défi du président Chavez : engager la diversification industrielle du Venezuela. C’est ce qui est attendu du successeur de Chavez.
4- Une réussite sociale époustouflante
L’unanimité s’est faite sur le bilan de la politique sociale du président Hugo Chavez. Aussi bien les organisations du système des Nations Unies que tous les observateurs objectifs et honnêtes ont reconnu les prouesses sociales du président Chavez. C’est vrai que, comme à leur habitude, les pays occidentaux, partisans du néolibéralisme et leurs bras armés que sont le FMI et la Banque Mondiale, ont accusé le président Chavez de manquer de rigueur et de dépenser excessivement pour le social. C’est vrai que pour les partisans du néolibéralisme, les profits des grosses entreprises, les salaires exorbitants des dirigeants des multinationales, l’augmentation des dividendes versés aux actionnaires sont un gage de rigueur. Les masses populaires vénézuéliennes ont, quant à elles, reconnu les bienfaits de la politique du président Chavez au point de lui renouveler leur confiance à quinze reprises pendant ses 14 ans de pouvoir.
Plus concrètement, on peut citer :
- L’éradication de l’illettrisme dès 2005. En 2011, le taux de scolarisation dans l’enseignement primaire avait atteint 93,2%. Dans l’enseignement secondaire, le taux de scolarisation avait atteint 73%.
En 2000, il y avait 995.000 étudiants au Venezuela, en 2011 ils atteignaient le nombre de 2,3 millions ;
- Tous les citoyens vénézuéliens ont un accès gratuit aux soins de santé. En 7 ans, de 2005 à 2012, près de 8000 centres de santé ont été construits et équipés. A son arrivée au pouvoir, le Venezuela comptait 20 médecins pour 100.000 habitants. En 2010, ce nombre atteignait 80.
Conséquence de ce qui précède, l’espérance de vie d’un Vénézuélien est désormais de 74 ans ! A comparer aux 49 ans des Kamerunais.
- Sur le plan alimentaire, le taux de malnutrition est passé de 21% en 1998 à 3% en 2012. Depuis 1999, le taux de calories consommées par les Vénézuéliens a augmenté de 50% et la consommation de viande de 75%. Cinq millions d’enfants de familles peu nanties reçoivent une alimentation gratuite.
- Les inégalités baissent et le Venezuela est le pays de l’Amérique Latine ou les inégalités sont les plus faibles. En 14 ans, le président Chavez a créé plus de 4.000.000 d’emplois. Le salaire minimum a augmenté de 2000%, passant de 16$ US en 1999 à 330$ US en 2012. Quant au PIB par habitant, il est passé de 4000$ US en 1999 à 10800$ US en 2010.
Le Venezuela est 73ème au classement de l’indice de développement humain (IDH), ce qui le classe parmi les pays à IDH élevé.
Le chômage touche moins de 3% de la population active.
En conclusion, les performances de la politique économique et sociale du Président Hugo Chavez sont la conséquence de l’orientation socialiste qu’il a imprimée avec détermination et lucidité à son action politique.
Le président Hugo Chavez vivra à jamais dans nos cœurs.
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