Jul 25, 2012

Suppression de la subvention aux produits pétroliers : Position de l’intersyndicale du Cameroun

Suite au projet du gouvernement du Cameroun de  supprimer la subvention aux produits pétroliers et de revoir à la hausse le prix des hydrocarbures a la pompe :

 L’intersyndicale du Cameroun dit : 
  • non à l’augmentation du prix du litre de carburant à la pompe
  • non à l’augmentation des prix des denrées de première nécessité
  • non à plus de paupérisation des travailleurs et des populations
  • non à la gabegie et à l’utilisation abusive des fonds publics
  • oui  à une réduction  du prix du litre de carburant  a la pompe
  • oui à un relèvement substantiel du SMIG
  • oui à l’augmentation des salaires dans la fonction publique
  • oui à la suppression des bons de carburant
  • oui à la suppression des droits universitaires dans les universités  d’Etat
  • oui au retour dans l’économie des fonds  publics détournés


Déclaration des confédérations syndicales des travailleurs du Cameroun  réunies au sein de l’intersyndicale relative au débat sur la suppression de la subvention de l’Etat en faveur de la société nationale de raffinage  (SONARA)

Contexte

 En fin d’année 2011, le Gouvernement du Cameroun avait déjà  projeté d’augmenter le prix des hydrocarbures à la pompe et envisager de procéder à une suppression de la subvention  qui, selon lui,  est destinée à maintenir les prix de ces produits à leur niveau actuel.

 D’après les pouvoirs publics, le budget de l’Etat a supporté à hauteur de 323 milliards de FCFA la subvention au carburant en 2011, soit une dépense de 337 FCFA par  litre de pétrole lampant et 238 FCFA par  litre d’essence et de gasoil,  pour un coût de plus de 700 milliards de FCFA  de 2008 à 2010, à raison d’un peu plus de 250 milliards par an, dans le  soutien des prix à la pompe. La subvention pour 2012 est prévue  à hauteur de 400 milliards de FCFA, selon les mêmes sources.

 Les explications constamment  diffusées pour justifier le lien entre la subvention et la hausse du prix du carburant à la pompe  s’articulent autour :
  • Des difficultés de fonctionnement de La Société Nationale de Raffinage (SONARA) qui  vend à perte et ne compte que sur la subvention de l’Etat.  Or ce dernier  rencontrerait des difficultés budgétaires, d’où son incapacité à continuer de supporter cette subvention ;
  • De la pression internationale due à  la flambée du prix du pétrole sur le marché mondial,  avec des cours en hausse devant se répercuter sur le marché interne ;
  • De la mobilisation de ressources financières pour réaliser les projets d’investissement.

 Le mois de janvier 2012 avait été annoncé pour la mise en œuvre de cette hausse des prix mais de multiples réactions de mécontentement ont amené les pouvoirs publics à suspendre la mesure envisagée.

 Cependant,  sans y avoir renoncé, ils sont revenus à la  charge. C’est ainsi que des révélations persistantes au courant de cette année 2012, de sources concordantes,  font état de ce que  cette mesure pourrait entrée en vigueur dès la fin du mois de juillet 2012.

Ce qui s’est concrétisé par des sorties médiatiques et publiques des partisans et des opposants à cette hausse probable du prix du litre de carburant à la pompe.

 Pour une certaine opinion favorable à la suppression de la subvention, ces subventions qui sont allouées à la SONARA devraient être réaffectées au développement infrastructurel et à d’autres secteurs d’activités créatrices de richesses qui n’ont pas bénéficié d’appuis consistants et permanents de l’Etat pour leur essor.

 Une posture issue d’une posture d’adhésion à un discours officiel tenant lieu d’un chantage qui consiste à attribuer au maintien de la subvention, l’absence à l’avenir  de construction d’infrastructures de base (Routes, écoles, hôpitaux…).

A contrario, pour une large frange de l’opinion,  aucune hausse des prix n’est envisageable (opportune) car ceux pratiqués actuellement sont suffisamment prohibitifs pour les catégories sociales les plus vulnérables et leur augmentation entraînerait un surenchérissement des produits de consommation courante.

 Il convient de rappeler  que la SONARA qui ne raffinerait  qu’à peine 6% du pétrole produit au Cameroun,  en exporte plus de 50%. Au nom des travailleurs et travailleuses Camerounais, les produits pétroliers utilisent les subventions, fruit de la collecte des impôts et taxes auprès du contribuable, pour  financer l’importation à 90 % des produits pétroliers provenant du Nigéria, de la Guinée Equatoriale et d’autres sources, destinés à la consommation locale. Des importations qui représentent à elle seules  40 %  de l’ensemble des produits importés au Cameroun.

 A travers leurs déclarations, les Dirigeants du pays ont beau jeu d’indiquer d’avoir effectué des dépenses pour appuyer la production et la distribution du carburant, mais omettent  volontairement de révéler les bénéfices tirés de l’exploitation pétrolière. 

 Or d’après des données financières officielles et des études menées par nos experts commis et des institutions crédibles, le pétrole  a généré au Cameroun 1766,852 Milliards de FCFA en 2008-2010, pendant la période où le carburant était subventionné à plus de 700 Milliards de FCFA, et 4 978 726 838 FCFA en 2011 avec une hausse à 38, 48% de la vente des  bruts et des transferts à l’Etat établis  à 572,674 milliards de FCFA, soit une progression de 36,3%. Des chiffres qui ne tiennent pas compte des prélèvements  fiscaux et douaniers induits.

 De même, des études comparatives avec certains pays africains ayant le même potentiel énergétique et/ou  économique que  le Cameroun sinon moins, il se dégage que :

  •  Au Gabon, le super se vend à 535 FCFA/l, le gasoil à 470 FCFA/l et le pétrole lampant à 275 FCFA /l ;
  • Au Nigéria, le prix du litre de super à la pompe est de 296 FCFA pour des subventions annuelles du carburant à hauteur de 8 milliards de dollars ;
  • Au Tchad, le litre de super coûte 380 FCFA/l,   520FCFA/l  pour le gasoil  et 375 FCFA/l pour le pétrole lampant ;
  • En  Angola, le litre de carburant est obtenu à 325 FCFA ;
  • En Algérie, 156 FCFA pour le litre de super et 85 FCFA par litre de gasoil ;
  • Au Ghana, le super et le gasoil coûtent respectivement 392 FCFA/l et 450 FCFA/l ;
  • En Tunisie, 448 FCFA/l, 330 FCFA/l et 265 FCFA/l  respectivement  pour le super,  le gasoil et le pétrole lampant.

 Les cinq  premiers pays  présentent des prix à la pompe plus bas que ceux du Cameroun grâce à un apport concret et soutenu de la rente pétrolière à la consommation, matérialisant  ainsi leur statut de pays producteurs de combustibles fossiles.

 S’agissant des   deux derniers, ils ne jouissent pas du même statut mais compensent ce désavantage naturel par  l’instauration de mesures sociales rendant les prix à la pompe également bas et  les services et produits de première nécessité accessibles aux moins nantis.

Si l’Etat du Cameroun éprouve donc des difficultés à  traduire son potentiel économique par l’exploitation et la transformation de ses richesses énergétiques  en investissements palpables et visibles au profit immédiat et prioritaire des populations, il  ne doit pas sans cesse en refléter  la conséquence, au  motif de vouloir renflouer les caisses, par un acharnement systématique et une pression permanente sur les bourses déjà vulnérables de la majorité des Camerounais vulnérables.

 Ceux-ci endurent déjà au quotidien  une  inflation de la  vie à la limite du supportable,  marquée
  • Par la cherté des denrées de première nécessité ;
  • Un pouvoir d’achat des plus faibles  caractérisé par  une ponction de 70% des salaires dans la Fonction publique suivie de la dévaluation du FCFA depuis  1994,
  • Le SMIG le plus  bas des pays  d’Afrique Centrale (28 216 FCFA), derrière la République Centrafricaine, le Tchad, le Congo Brazzaville la Guinée Equatoriale et le Gabon aux Smig respectivement  de 35 000 FCFA,  60 000 FCFA, 70 000 FCFA, 110 000 FCFA et 150 000 FCFA.

 A cette inflation se rattachent un chômage galopant, un sous emploi exponentiel, une précarité innommable : gages d’anéantissement des perspectives d’ascension sociale à laquelle aspire légitimement chaque citoyen.

 Autant de facteurs qui accentuent la misère sociale,  consolident les embûches que rencontrent les Populations en général et les Travailleurs en particulier dans leur quête de bien-être moral et matériel, et rendent vulnérables ces masses populaires et laborieuses à toute insouciante réforme d’austérité.

POSITION SYNDICALE

De ce qui précède, nous, Confédérations  Syndicales des Travailleurs du Cameroun signataires réunies en « Intersyndicale » :

  •  Emettons de fortes réserves sur  toute initiative d’augmentation du prix du litre de carburant à la pompe ;
  • Affirmons que contrairement à l’état d’esprit dans lequel les autorités veulent plonger l’opinion publique, une réduction ou  une suppression  de la subvention aux produits pétroliers signifierait que  les causes qui l’ont justifiée sont partiellement résorbées ou n’existent plus.  

DEMANDONS :

Une réduction des prix  à la pompe à 407,61 FCFA/l de super ; 407,61 FCFA/l de gasoil et 225,41 FCFA/l de pétrole lampant. La satisfaction à cette demande  résultant d’une véritable application de la  politique de péréquation et de l’annulation d’un certain  nombre de postes  figurant dans  la structure du prix du carburant au Cameroun,  tel que le démontrent les documents fournis en annexe de la présente déclaration ;
  • La suppression de l’utilisation des bons de carburant qui instaurent de fait sa consommation gratuite par les bénéficiaires ;
  • L’augmentation du tarif des vignettes sur les automobiles à forte consommation de carburant. 
PROPOSONS :

En revanche, si le Gouvernement persiste dans une option de réduction ou de suppression de la subvention qui, au demeurant, ne bénéficie  qu’à une extrême minorité de Camerounais les plus aisés. Nous formulons, les propositions suivantes :

  1.  La suppression progressive de la subvention ;
  2. L’Allocation  d’une partie des fonds issus de ces opérations au financement du budget des Universités d’Etat en vue de renforcer l’appui à la recherche et  supprimer  le taux de paiement annuel des droits universitaires qui s’élèvent à 50 000 FCFA par étudiant ; 
  3. L’affectation d’une partie au développement infrastructurel et à d’autres secteurs d’activités créatrices de richesses qui n’ont pas bénéficié d’appuis consistants et permanents de l’Etat pour leur essor.
  4. Le relèvement substantiel du SMIG (Salaire Minimum Inter professionnel Garanti) ;
  5. L’augmentation des salaires des travailleurs tous secteurs confondus ;
  6. L’institutionnalisation du financement des programmes d’éducation ouvrière des Confédérations Syndicales des Travailleurs à l’instar de la plupart des pays du Continent Africain et du Monde ;
  7. L’application effective des résolutions issues des négociations de Février 2008 ;
  8. L’allègement des taxes et impôts sur les véhicules et engins de transport publics ;
  9. L’instauration d’un comité tripartite de suivi et d’évaluation des mesures à arrêter.

 Les Confédérations Syndicales des travailleurs signataires demandent instamment au Gouvernement de prendre en compte la présente déclaration et restent disposées à toutes négociations éventuelles aux mesures d’accompagnement préconisées ci-dessus.

 IL Y VA DE LA PRESERVATION DE LA PAIX SOCIALE SI CHERE A TOUS !

 LES CONFEDERATIONS SIGNATAIRES :

Pour l’Union des Syndicats Libres du Cameroun (USLC)
Le Président Confédéral : Longin BEDZIGA EYEBE
Pour la Confédération Camerounaise du Travail (CCT)
La Présidente Confédérale : Antoinette TANGONO Epse EKOAN
Pour la Confédération des Travailleurs Unis du Cameroun (CTUC)
Le Président Confédéral : Pierre ESSINDI MINKOULOU
Pour la Confédération Générale du Travail-Liberté (CGT-Liberté)
Le Président Confédéral : René Bernard EKEDI
Pour la Confédération Générale des Syndicats du Transport (CGSTC)
Le Président Confédéral : Pierre NYEMECK
Pour la Confédération Syndicale des Travailleurs du Cameroun(CSTC)
Le Président Confédéral : Maximilien NTONE DIBOTI
Pour la Confédération Entente des Travailleurs du Cameroun (ENTENTE)
Le Président Confédéral : Benoît ESSIGA ANANGA
Pour la Confédération des Syndicats Autonomes du Cameroun (CSAC)
Le Secrétaire Général : Pierre Louis MOUANGUE 

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